Tabassé par les agents du Service National des Renseignements (SNR), Hassan Bukuru vit la peur au ventre. Il craint que ses bourreaux n’attentent pas à sa vie.
Regard hagard, le cœur qui bat la chamade au moindre bruit. C’est un père de famille au bord de la paranoïa depuis son passage à tabac par des agents du SNR. C’était dans la nuit du lundi 27 février, vers 20 h. Ces agents font irruption à son domicile, sis à Buterere. C’est à la périphérie de Bujumbura, dans la zone Cibitoke.
Agités, hurlant, jetant par terre tout ce qu’ils trouvent dans son salon. Leur préoccupation : savoir pourquoi il persiste à être “Igipinga”(opposant/récalcitrant) qui s’obstine à ne pas adhérer au Cndd-Fdd. Ce qu’il prend pour être une blague de mauvais goût va vite tourner au vinaigre. Avant même que mon patron n’ait le temps de répondre à leurs questions, raconte sa domestique sous le sceau de l’anonymat : « L’un d’eux, après lui avoir craché dans la figure, lui avait asséné une gifle ».
Après cela, elle indique qu’ils ont pris son bras gauche, l’ont courbé avant de le cogner contre la porte métallique de l’entrée principale de la maison. Apeuré, à peine pouvant balbutier un mot, la domestique fait savoir qu’ils lui ont intimé l’ordre de s’accroupir. « Tremblant de tout son corps, dégoulinant de sueur. Peut-être qu’à ce moment ces malfrats ont compris qu’il a reçu leur message », glisse la domestique. Avant d’ajouter :« Nous aurions crié pour demander secours.
Mais, ils nous ont menacés que si jamais un de nous vient à crier, ils ne vont pas hésiter à tuer toute la famille. Un à un ». En quittant le domicile familial, l’un de ses agents a lâché à haute voix que la partie ne fait que commencer. « Si M. Bukuru veut réellement vivre, il a intérêt à adhérer au CNDD-FDD. Sinon, sa famille ne verra même pas son cadavre ».
En cause, ses supposés liens avec les FNL ?
Selon la victime, il ne fait aucun doute que le motif de cet acharnement serait lié à son désistement à adhérer au Cndd-Fdd. « Ils digèrent mal comment un hutu comme eux, de surcroît qui a des parentés, presque tous membres du Cndd-Fdd, n’est pas un des leurs. Pour eux, je suis un élément dangereux qui risque d’endoctriner les autres jeunes de la localité ». Et de continuer : « Je ne sais pas pourquoi je les gêne tant. Mais ce qui est prévisible, mon amitié avec certains membres du FNL d’Agathon Rwasa les dérangent constamment. Pour eux, il ne fait aucun doute que je suis une taupe à la solde du parti FNL. Et ça, ils ne veulent pas d’électron libre ».
Acculé de toute part, M. Bukuru est quelqu’un aux abois, qui ne sait plus où donner la tête. « Comment avoir l’esprit tranquille lorsque tu sais que le SNR est à tes trousses ? Le pire peut arriver à tout moment !», murmure-t-il. Plus déplorable, il ne peut même pas faire confiance à ses amis, membres du FNL. En effet, un d’eux rapportent que M. Bukuru serait vu d’un très mauvais œil depuis qu’il a refusé d’adhérer officiellement au parti d’Agathon Rwasa. « En tout cas, il a intérêt à faire attention, parce qu’il fait partie de la « short-list » des personnes que à filer dans Buterere », révèle ce membre. Au risque de mettre en danger sa famille, il n’exclue pas cette idée de se chercher un endroit sûr, le temps que la situation se tasse.
Nous avons contacté le ministère de la Sécurité publique pour savoir ce qu’il serait en train de faire pour protéger la vie de ce citoyen. Toutefois, il n’a pas voulu réagir.