Un recensement de toutes les collines du pays, afin d’identifier toutes les personnes assassinées durant la crise de 1972, s’avère nécessaire. Il est également crucial de prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter que l’arrêt de la Cour Suprême portant cassation et annulation des jugements rendus par les conseils de guerre de Bujumbura et de Gitega en 1972 ne replonge le pays dans des cycles de guerre.
Lors d’un débat organisé par la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) sur l’arrêt de la Cour Suprême portant cassation et annulation des jugements rendus par les conseils de guerre de Bujumbura et de Gitega en 1972 , la représentante du Collectif des Associations des Victimes de la Crise de 1972 a demandé à la CVR de procéder à un recensement précis sur chaque colline du pays pour déterminer le nombre exact de personnes assassinées. Elle a dit : “Ceux qui ont été condamnés sont connus, mais il y a aussi des innocents des campagnes qui ont été assassinés dans l’anonymat. C’est pourquoi je demande à la CVR de procéder à un recensement afin de déterminer précisément les noms des victimes sur toutes les collines du pays.”
De même, le représentant du parti Uprona, Evariste Ngayimpenda, a exprimé ses inquietudes concernant le nombre de personnes massacrées et a remis en question la nature politique du jugement de la Cour Suprême. Il a mis en garde contre les conséquences potentielles à long terme d’un tel jugement : “Pouvez-vous garantir que ce jugement respecte les normes juridiques pour éviter que le Burundi ne replonge dans des périodes sombres ? Si ce jugement est motivé par des règlements de compte, quel est l’avenir du Burundi ?” a-t-il demandé.
En réponse à ces préoccupations, le commissaire à la CVR, Déo Ndikumana, a affirmé que des enquêtes étaient en cours pour recenser toutes les victimes de la crise de 1972. Il a souligné que l’objectif de la CVR n’était pas de chercher une justice punitive, mais plutôt de prévenir la répétition de tels événements à l’avenir : “Les juristes sont formés pour appliquer des sanctions aux auteurs afin de prévenir de futurs actes similaires, car le but des sanctions est l’exemplarité. Cinquante ans après, la justice traditionnelle vise à prévenir, plutôt qu’à punir”, a-t-il précisé.
Il est à noter que l’arrêt de la Cour Suprême annulant les jugements des conseils de guerre de Bujumbura et Gitega de 1972 a été rendu le 28 avril 2023.