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Eléphants et lions d’Afrique, grands perdants de la protection animale

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La Convention internationale sur le commerce d’espèces sauvages menacées (Cites) s’est achevée mardi 4 octobre. Pendant dix jours, plus de 180 pays membres ont débattu des différentes espèces animales et végétales. Une soixantaine de propositions étaient sur la table destinées à assouplir ou durcir les restrictions commerciales concernant quelque 500 espèces.

Rhinocéros, pangolins, perroquet gris, requins. Toutes ces espèces ont bénéficié d’une protection accrue, placées dans la catégorie des espèces menacées d’extinction et dont le commerce est totalement interdit. Une victoire pour de nombreuses organisations. Même si les éléphants n’ont pas bénéficié d’une protection maximum.

Pour Kaddu Sebunya, de l’ONG African Wildlife Fund, ça n’est qu’un point de départ. Il faut maintenant que les pays passent à l’action et surtout luttent contre le trafic. « Nous sommes en train de durcir nos lois, durcir les pénalités, aider la justice à amasser des preuves parce que jusqu’à présent cela a été le maillon faible, nous échangeons des informations entre pays. Avec cela nous luttons contre le trafic. Mais la solution la plus importante c’est d’arrêter la demande. Il s’agit d’un marché, nous devons réduire la demande, notamment en provenance d’Asie et expliquer notamment aux jeunes que par exemple la corne de rhinocéros n’a aucune vertu médicinale », souligne-t-il

Sebunya a salué l’engagement des Etats-Unis et de la Chine de mettre fin au commerce d’ivoire sur leur marché domestique. On estime que 35 000 éléphants sont tués chaque année pour alimenter le commerce de l’ivoire. Et La Chine est le plus grand marché au monde pour l’ivoire légal et illégal.

L’UE contre le classement des éléphants en espèce menacée d’extinction

En revanche, l’Union européenne a été particulièrement critiquée mardi pour son manque de soutien dans la protection des éléphants. Elle a voté contre le classement des pachydermes en espèce menacée d’extinction.

Pour Lee White, directeur des parcs nationaux du Gabon, la position européenne est incompréhensible. « Nous pensons que l’UE a été très faible dans son soutien aux éléphants. Nous voulions envoyer un message clair au braconniers que la communauté internationale ne va pas rouvrir le commerce international de l’ivoire, parce que nous sommes convaincus que le commerce légal d’ivoire entraîne le commerce illégal, ce qui aboutit aux massacres d’éléphants et également à des pertes de vies humaines. Donc nous sommes très déçus », déplore-t-il.

Et de préciser : « D’un côté, nous sommes contents car il n’y aura pas de commerce d’ivoire pendant les trois prochaines années, mais la décision de ne pas passer les éléphants en catégorie 1, et donc d’interdire tout commerce, est vraiment décevante. Soit nous ouvrons le commerce d’ivoire, soit nous l’interdisons. Il fallait envoyer un message clair et nous ne l’avons pas fait. Le message que nous envoyons est que le commerce d’ivoire pourrait rouvrir dans le futur et donc si vous avez des stocks d’ivoire, autant les garder pour le jour ou le commerce rouvrira. Maintenant nous allons devoir rentrer dans nos pays et faire face aux braconniers. »

Le roi des animaux en danger

Les associations de défense des animaux déplorent par ailleurs le peu d’attention portée aux lions du continent africain. Pourtant l’Afrique a perdu 40% de ces lions en 20 ans. Selon ces organisations, il ne resterait qu’environ 20 000 lions en Afrique. Dans certains pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, cet animal emblématique a totalement disparu.

Une disparition qui s’explique en partie par la diminution de leur espace naturel, mais également par la chasse aux trophées ainsi que le commerce de produits dérivés. Pour Jeffrey Flocken de l’organisation Ifaw, le marché des os de lions qui s’est développé ces dernières années est particulièrement inquiétant. « A cause du commerce d’os de tigre – qui a quasiment provoqué l’extinction de cet animal -, il n’y a plus d’os de tigre sur le marché. Ces os étaient notamment utilisés dans la médecine traditionnelle asiatique. Et donc maintenant ce sont d’autres félins qui sont visés, notamment les lions. Nous voulons éviter cela à tout prix. Nous avons vu ce qui s’est passé pour les tigres, et nous ne pouvons pas nous permettre que la même chose arrive aux lions », alerte-t-il.

Neuf pays ont tenté de faire passer les lions en espèces menacées d’extinction, dont tout commerce est interdit, mais la proposition a été rejetée. Car dans certaines régions d’Afrique, notamment en Afrique australe, les lions ne sont pas suffisamment menacés. La Cites a toutefois interdit le commerce des os de lions sauvages. Une mesure faible, selon Jeffrey Flocken, car sur le marché, ajoute-t-il, on ne peut pas faire la différence entre un os de lion sauvage et celui d’un lion élevé en captivité.

 

 

 

 

RFI

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