Depuis le début de l’année 2024, l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés HCR a divisé par deux son aide. En alternative à cette décision, des réfugiés vivant dans des camps au Burundi font des métiers comme le dressage des draps, la menuiserie ou la vannerie pour pouvoir survivre et subvenir autant que faire se peut, à leurs besoins. Ils appellent à plus de soutien de la part des organisations internationales, et réclament la libre circulation hors des camps pour vendre leurs produits.
MEJA Alice, du camp de réfugiés de Bwagiriza dans la province Ruyigi dans le centre-Est du Burundi à 170 km de la capitale économique Bujumbura, dit avoir commencé le métier de dressage des tissus depuis que la vie dans les camps est devenue très dure, à la suite de la diminution de l’aide du HCR jusqu’à 50%. Pour elle, son métier lui permet de subvenir aux besoins de sa famille en nourriture, chaussures des enfants et les habits des membres de sa famille.
Kizito Mubake Hubert, réfugié congolais du nouveau camp de réfugiés de la commune Giharo dans la province Rutana, a initié un centre moderne de formation en menuiserie et fabrication des objets d’art, regroupant aujourd’hui quinze réfugiés et cinq burundais des environs.
La satisfaction se lit sur leurs visages
KIZITO Mubake Hubert et Meja Alice disent aujourd’hui être satisfaits pour le travail accompli. « Nous sommes actuellement capables de subvenir à nos besoins et ainsi ne sommes plus dépendants de tout de l’aide du HCR », indiquent-ils.
Mais Hubert, qui n’a eu aucun financement externe, demande assistance de la part du HCR, de Save the Children, etc., pour pouvoir développer ses ambitions. Alice, elle, plaide pour l’augmentation du paquet d’aide de la part de Save the Children, en lui apportant des tissus et des fibres pour le dressage. Pour elle, elle a besoin d’une machine pour le dressage.
Lever les restrictions au droit de circulation
Mugemanyi Kabatiza, représentant des réfugiés vivant au Burundi, fait savoir qu’il ne peut pas y avoir de l’autonomisation effective s’il n’y a pas de libre circulation. Il déplore que le gouvernement burundais leurs interdise de sortir des camps et plaide pour le respect du libre mouvement des réfugiés afin de pouvoir vendre les produits issus de leurs métiers. Mugemanyi explique par exemple que les réfugiés se trouvent dans les camps ont besoin de se rendre souvent dans la capitale Bujumbura là où le marché est plus généreux.
Le gouvernement Burundais reconnaît avoir mis des restrictions sur le droit de la libre circulation et de mouvement, pourtant garanti par la loi sur l’immigration. Le secrétaire permanent au ministère ayant la sécurité publique dans ses attributions, Théophile Ndarufatiye donnent l’exemple de la demande d’autorisation par un réfugié avant de sortir du camp, et l’exigence de sa carte d’indenté délivré par le Burundi afin de mieux contrôler les va-et-vient dans les camps.
« Le HCR divisé en deux son aide (en alimentation, santé, éducation, etc.), à cause de la crise globale en matière de financement de l’action humanitaire, aggravée par la multiplication des conflits dans le monde qui augmentent le nombre de réfugiés alors que les moyens restent limités », révèle Brigitte Mukanga Eno, représentante du HCR au Burundi. Ainsi par exemple, en 2023, le HCR a obtenu de la part des donateurs plus de 32 millions de dollars, mais en 2024, il n’a reçu que plus de 13 millions de dollars », poursuit-t-elle.
Au 31 Mai 2024, le Burundi compte près de 90 mille réfugiés regroupés dans les cinq camps de Kavumu, Nyankanda, Bwagiriza , Musasa , kinama et Giharo , un site de réfugiés et dans les centres urbains, selon les chiffres du HCR.
Par Jotham IRATUZI