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Le commerce transfrontalier handicapé par la COVID-19 à Mabanda

L’administration provinciale à Makamba (Sud du Burundi) parle d’une recrudescence de cas du commerce transfrontalier illégal en cette période où les frontières terrestres et maritimes sont fermées. Les femmes qui exercent pour une large part ce commerce dans cette région frontalière avec la Tanzanie, soulignent la nécessité des séances de sensibilisation sur la Covid-19. Elles appellent à prendre toutes les précautions nécessaires pour barrer la route à cette pandémie, afin de faciliter la reprise de leur commerce dans les meilleurs délais. L’administration compte multiplier les séances de sensibilisation ainsi que les centres de dépistage.

Chacun interprète à sa façon les modes de contamination du Coronavirus, à l’instar de ces femmes que nous avons approchées : « Certaines gens nous disent que le corona est une maladie virale qui se propage par voie respiratoire, le contact corporel, échanger ou s’assoir dans un siège qui était occupé par celui qui a le virus mais également porter ses habits. Celui qui a la Covid-19 sent une faiblesse au niveau de tout son corps. C’est comme s’il souffre de la grippe » précise Yvette Nihorembere exerçant le commerce transfrontalier à Mugina. Même son de cloche pour madame Francine Nshimirimana, présidente de l’Association des Femmes Rapatriées du Burundi, AFRABU, en commune Mabanda : « Pour éviter le coronavirus, nous exposons au soleil les marchandises en provenance de la Tanzanie pendant une durée de cinq minutes et nous sommes sûres que le virus est détruit ». Elle ajoute néanmoins qu’elle déplore que cette maladie reste plus ou moins méconnue de la population. Il importe donc de signaler que ces directives ne sont pas indiquées par le Ministère de la Santé Publique, une institution habilitée pour ce genre d’indications.

En cette période où les frontières terrestre et maritime sont fermées, pour pallier à la propagation de la pandémie, Florence Niyukuri originaire de la province Rutana opérant à Mugina note : « Ici peu de gens viennent nous parler du corona, à part les policiers qui nous obligent souvent de nous munir d’un kit de lavage de mains ainsi que le port de masque. » Les femmes exerçant le commerce transfrontalier se disent préoccupées par la fermeture de la frontière. « Fermer la frontière n’est pas la meilleure solution pour barrer la route à la propagation du Covid-19. » renchérit Jeanine Bukuru.

Prendre les mesures nécessaires mais laisser le commerce continuer

Les femmes soulignent avoir été contraintes de cesser leur activité par suite de la mesure de fermeture des frontières mais également par peur de cette maladie comme, c’est le cas de Madame Anastasie Niyuhire qui achetait le Mukeke en Tanzanie ; « Je ne peux pas me permettre de passer une commande de trente pièces de Mukeke à Kigoma. Je pense bien qu’il devrait surveiller ceux qui traversent la frontière clandestinement et laisser ouvertes les voies légales ». La mise en application des mesures barrières posent également problèmes à ces femmes qui exercent le commerce transfrontalier : « le respect de la distanciation reste un défi parce que nous sommes obligées d’échanger la monnaie mais également les marchandises. » ajoute Léonie Kwizera.

Multiplier les centres de dépistage au niveau des frontières 

« Il faut renforcer les centres de dépistages au niveau des frontières, comme ça tout passager qui sera testé positif pourra être soigné dans des structures de soins appropriés, mais tout en nous laissant continuer notre travail car actuellement, nous sommes dans des conditions difficiles. Nous ne sommes pas à mesure de faire vivre nos familles. » martèle Anastasie Niyuhire. Ces femmes opérant à la frontière Mugina plaident pour qu’il y ait un dépistage de masse puis par après l’ouverture des frontières.

L’association des Femmes Rapatriées du Burundi AFRABU parle aussi de la nécessité de la tenue des séances de sensibilisation sur cette maladie surtout chez les femmes qui exercent le commerce transfrontalier comme le souligne Francine Nshimirimana. L’administration de Makamba cite la montée en flèche du nombre de femmes exerçant le commerce transfrontalier qui travaillent dans la clandestinité : on ne peut pas nier qu’il y a des femmes qui font le commerce illégal dans les communes de Kayogoro, Mabanda, Vugizo et Nyanza-Lac mais à chaque fois que ces femmes sont surprises nous exigeons un test », martèle le conseiller principal du gouverneur de Makamba Bernard Ntahomvukiye.

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