Mukeshimana Edwige est une femme maçonne de la commune Kanyosha, province Bujumbura. Le choix de ce métier est venu de sa résolution à changer la situation de précarité de sa famille et subvenir aux besoins vitaux de ses enfants. Elle a commencé par le statut d’aide-maçon avant de devenir une maçonne attitrée, appréciée par les chefs de chantiers et les collègues du métier. Son rêve est de devenir encore plus célèbre, bénéficiant de la confiance des clients qui construisent des maisons en tant que premier responsable du début à la fin.
Perchée sur un échafaudage en bois, Madame Edwige ne semble pas s’en inquiéter, s’activant plutôt avec une parfaite dextérité, à faire le crépissage d’un mur en cours de finissage. Dès qu’elle apprend que des journalistes viennent la voir, la surprise est de remarquer comment elle descend délicatement, sans tituber.
« J’ai commencé par être aide-maçon. J’ai appris ce métier sur le tas, poussée par la situation précaire dans laquelle se trouvait ma famille, espérant pouvoir gagner de l’argent pour la survie. Je n’ai pas considéré les qu’en dira-t-on, la pauvreté m’y a poussé », confie-t-elle.
Dans son parcours, la chance a été de son côté. L’histoire de Madame Edwige et ma maçonnerie commence lorsqu’elle s’est confiée à un ingénieur. Ce dernier l’a encouragée et lui a donné le matériel de base pour se lancer dans sa nouvelle aventure dont la phase d’initiation fut d’une surprenante performance. « Les succès s’enregistraient chaque semaine : deux rangées de briques le premier jour, huit cent briques le lendemain, neuf cent le jour qui a suivi », se souvient-elle. Déterminée à devenir maçonne, elle a passé toutes les étapes du rite initiatique et a même payé à la fin une chèvre pour être intégrée dans le métier comme le veut la tradition du métier. Chrétienne, l’on se souviendra toujours que c’était une occasion exceptionnelle puisqu’elle était parmi les maçons qui étaient là à l’occasion de la pose de la fondation de l’église catholique de Musaga.
Coup de chapeau des chefs de chantier et collègues
Désiré Hakizimana, responsable du chantier, ne cache pas sa satisfaction : « Mukeshimana Edwige est la meilleure des trois maçons dont je dispose sur le chantier. » Je l’ai engagée pour ses compétences. Franchement, si je considère le rendement, elle la meilleure. Lorsqu’elle nous a rejoint il y a une vingtaine d’années, il n’y avait aucune aide-maçonne, encore moins une maçonne. Avec le temps et l’évolution des mentalités, les femmes aide-maçonnes sont de plus en plus nombreuses mais rare sont des femmes qui deviennent maçonnes. Il est de notre devoir en tant qu’hommes qui avons de l’expérience de la leur partager.
Les collègues du chantier de Mukeshimana sont unanimes sur ses capacités indéniables. Vénuste Havyarimana témoigne que Edwige est si efficace au travail qu’elle peut même le surpasser à maintes occasions. « Dans un laps de temps, elle achève la tâche qui lui est confiée », ajoute-t-il, plein émotion et d’admiration.
Les autres femmes l’envient, très positivement
Sylvie Ndayisenga, béquille à la main car victime d’un accident, exprime son envie forte de ressembler à Edwige Mukeshimana :« N’eût été mon handicap physique, je serais parmi les autres à aider sur le chantier pour avoir de l’argent. Aucun métier ne devrait être tabou. Elle affirme qu’aucun métier n’est exclusivement réservé aux hommes. Elle s’appuie sur l’exemple de Mukeshimana, invitant les femmes et les filles valides à ne sous-estimer aucun emploi, même lorsque la culture ou la tradition les en découragent.
Quant à Mukeshimana Edwige, un seul rêve l’habite : gagner la confiance de potentiels clients qui veulent faire construire des maisons afin de devenir Cheffe de chantier du début à la fin du projet puisqu’elle a déjà les capacités et expérience nécessaires. En attendant, elle continue à apprendre et a même déjà commencé à se faire initier aux constructions en étages.