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Crise du transport au Burundi : carburant rare, sanctions lourdes, usagers bloqués

Alors que la pénurie de carburant persiste au Burundi, les transporteurs peinent à poursuivre leurs activités, dénonçant les prix imposés par l’État et l’absence d’approvisionnement. À Bujumbura comme ailleurs, les usagers restent bloqués, tandis que les appels au dialogue avec les autorités se multiplient.

Il était environ 11h du matin lorsque notre équipe est arrivée au parking des bus communément appelé COTEBU, en plein cœur de la ville de Bujumbura. À notre grande surprise, l’endroit était anormalement calme.

Des passagers, visiblement découragés, attendaient — certains assis, d’autres debout, leurs bagages à leurs pieds. Plusieurs nous ont confié être arrivés dès 3h du matin dans l’espoir de rejoindre différentes provinces du pays. Mais à l’heure de notre passage, aucun véhicule n’avait embarqué de passagers.

Les transporteurs pointent le manque de carburant

Approchés sur place, plusieurs transporteurs expliquent la cause de cette paralysie : le manque de carburant et les prix imposés par l’État.

« Nous ne pouvons pas travailler dans ces conditions. Nous n’arrivons pas à acheter du carburant au prix fixé par le gouvernement », affirme l’un d’eux.

Depuis plusieurs semaines, les agences de transport peinent à s’approvisionner en carburant, forçant certains chauffeurs à recourir au marché noir, où le litre se négocie jusqu’à 15 000 FBu, selon les témoignages recueillis.

Les passagers dénoncent une mesure déconnectée

Beaucoup dénoncent l’incohérence des autorités : « Comment peut-on imposer des tarifs réglementés alors qu’il n’y a même pas de carburant disponible ? », s’indigne une passagère en attente depuis plusieurs heures.

Lors d’une émission publique de l’exécutif tenue le 13 juin dernier à Cibitoke, le ministre en charge de l’Énergie est revenu sur cette problématique.

Il a insisté sur la nécessité de gérer rationnellement le carburant, déclarant :

> « Si l’État met des devises à disposition pour importer du carburant, nous devons en prendre soin comme du sang qui coule dans nos veines. »

ll a également critiqué ceux qui réclament du carburant sans participer à la création de devises pour le pays :

> « Certains possèdent plusieurs véhicules mais ne contribuent en rien à l’économie. »

L’ATTRABU appelle au dialogue

L’Association des transporteurs du Burundi (ATTRABU) alerte, de son côté, sur la gravité de la situation

Selon son porte-parole, Charles Ntirampeba, la majorité des transporteurs ont suspendu leurs activités par peur des sanctions.

En effet, depuis ce dimanche soir, tout transporteur dépassant les tarifs fixés par l’État risque une amende allant de 500 000 à 1 000 000 FBu.

M.Ntirampeba précise que les transporteurs ne veulent pas bloquer le pays, mais demandent l’ouverture d’un dialogue avec les ministères concernés afin de trouver une solution durable. Il souligne aussi que la SOPEBU ne distribue plus de carburant aux agences depuis plus d’un mois, aggravant la crise.

Un appel commun pour une solution urgente

Transporteurs comme passagers s’accordent sur un point : le gouvernement doit agir rapidement.

Sans solution concrète, la crise du transport risque de s’amplifier, avec des conséquences économiques et sociales majeures pour l’ensemble du pays.

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