À Gihanga, dans la province de Bujumbura, des habitants dénoncent la fin de la gratuité des soins pour les accouchements et les enfants de moins de cinq ans. Entre factures exigées, avances imposées pour les césariennes et incertitudes sur l’utilisation des fonds, la population interpelle le gouvernement sur une mesure censée être garantie par la loi depuis 2006.
La mesure de gratuité des soins pour les accouchements et pour les enfants de moins de cinq ans, instaurée en 2006, semble aujourd’hui remise en cause par les habitants de la zone de Gihanga, dans la province de Bujumbura.
Sur place, plusieurs patients affirment que les soins autrefois gratuits sont désormais payants. « La gratuité des soins a-t-elle été suspendue, même pour les accouchements ? On nous demande de payer avant même d’entrer à l’hôpital. C’est inquiétant », confie l’un d’eux.
Les témoignages se multiplient : pour une césarienne, une avance de 150 000 francs burundais est exigée, sans compter les frais supplémentaires liés aux médicaments. Une situation jugée alarmante par les habitants, qui craignent que de nombreuses familles démunies ne puissent plus accéder aux soins.
Le doute sur l’utilisation des fonds
Les habitants redoutent également que l’argent ainsi collecté puisse être détourné. Ils demandent au gouvernement de clarifier la situation et d’expliquer pourquoi des paiements sont exigés dans des structures censées offrir des soins gratuits. « Si l’État est débordé par le coût des subventions, qu’il nous en informe officiellement », suggèrent-ils.
Contacté par téléphone, Léopold Ndayisaba, administrateur de la commune de Manda, a affirmé ne pas être au courant de ces pratiques. Il a néanmoins promis de dépêcher une commission afin de s’enquérir de la situation à l’hôpital de Gihanga.
Le rappel du décret de 2006
Il convient de rappeler que, selon le décret n°100/136 du 16 juin 2006, les accouchements, y compris les césariennes, ainsi que les soins destinés aux enfants de moins de cinq ans, doivent être pris en charge à 100 % par l’État dans toutes les structures de santé publiques du pays.
Cette situation soulève donc de nombreuses interrogations : la gratuité des soins a-t-elle été officiellement suspendue ou s’agit-il de pratiques isolées ? Pour l’heure, les habitants de Gihanga attendent des réponses claires du gouvernement et espèrent un retour à l’application stricte de cette mesure vitale pour les familles les plus vulnérables.