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« Le marché parallèle fixe le dollar », prévient la Parcem

Le président de la Parcem, Faustin Ndikumana, estime que la récente baisse du dollar observée sur le marché parallèle traduit une réalité inquiétante : c’est désormais ce marché informel qui dicte le rythme de l’économie burundaise.

Le mouvement citoyen Parcem (Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Évolution des Mentalités) tire la sonnette d’alarme sur la situation économique actuelle du Burundi. Son président, Faustin Ndikumana, analyse la récente fluctuation du dollar et y voit un signe clair du déséquilibre structurel du marché des devises.

« Le marché parallèle est aujourd’hui le véritable indicateur du coût du dollar au Burundi », souligne-t-il.

Le marché parallèle, nouveau baromètre économique

Selon M. Ndikumana, la baisse du dollar constatée ces dernières semaines sur le marché parallèle ne doit pas être interprétée comme un signe de stabilité. Au contraire, elle révèle que le taux officiel fixé par la Banque de la République du Burundi (BRB) ne reflète plus la réalité du terrain.

Sur ce marché informel, explique-t-il, c’est la loi de l’offre et de la demande qui fixe le taux de change, et non des mesures administratives. « Ce n’est ni un décret ni une décision politique : le marché parallèle répond uniquement à la logique économique », insiste-t-il.

Des rentrées en devises encore incertaines

Pour Faustin Ndikumana, il est encore trop tôt pour attribuer cette évolution du dollar à de prétendues rentrées en devises issues des exportations récentes, notamment celles des conteneurs de minéraux expédiés sous la supervision du chef de l’État.

Il rappelle que le processus d’exportation est long et complexe : les minéraux sont exportés à l’état brut, puis analysés à l’étranger pour déterminer leur teneur et leur valeur réelle. « Ce n’est qu’après ces étapes que les recettes effectives peuvent revenir au pays », explique-t-il.

Par ailleurs, la campagne caféière a été décevante. Les perturbations enregistrées n’ont pas permis de bons rendements, et des stocks importants sont restés invendus. Or, le café constitue l’une des principales sources de devises du pays.

Un faible taux d’absorption des financements extérieurs

Le président de la Parcem évoque aussi les faiblesses persistantes dans la gestion des appuis financiers des partenaires techniques et financiers. Malgré les promesses et les décaissements annoncés, les fonds ne sont pas pleinement utilisés.

« Le ministre des Finances lui-même a reconnu que le taux d’absorption est encore faible », rappelle-t-il.
À titre d’exemple, la Banque mondiale a accordé au Burundi un appui supérieur à un milliard d’euros, mais les procédures administratives et techniques ralentissent la mise en œuvre effective des projets.

La BRB face à la question des réserves de change

La Banque de la République du Burundi (BRB) détient le monopole du recouvrement des recettes d’exportation, qu’il s’agisse du café, des minéraux ou d’autres produits. Elle a également demandé aux banques commerciales de rétrocéder les montants en devises détenus par les ONG sur leurs comptes.

Cependant, Faustin Ndikumana affirme qu’aucun signe tangible n’indique une amélioration des réserves de change au niveau de la BRB.
« Si la Banque centrale disposait de réserves suffisantes, elle devrait organiser des ventes aux enchères de devises pour approvisionner régulièrement les banques commerciales », soutient-il.

Des solutions pour réduire la pression sur le marché parallèle

Selon l’analyse de la Parcem, une meilleure distribution des devises aux banques permettrait de réduire la pression sur le marché parallèle et de réorienter la demande vers le marché officiel. Cela favoriserait aussi une gestion plus stable de la politique monétaire nationale.

L’amélioration des réserves de change aurait des retombées positives immédiates, notamment dans l’approvisionnement du pays en produits stratégiques comme le carburant, et dans le soutien aux entreprises publiques et privées telles que la Régie des Eaux et la Brarudi, qui dépendent des importations d’équipements et de matières premières.

« Les signaux restent rouges »

Pour Faustin Ndikumana, malgré les discours optimistes, les indicateurs économiques du Burundi demeurent préoccupants.

« Tant que les réserves de change ne sont pas renforcées, tant que le marché parallèle reste dominant, il est difficile de parler d’une stabilité réelle », avertit-il.

La Parcem appelle les autorités à mettre en œuvre des réformes structurelles profondes, à améliorer la transparence dans la gestion des recettes d’exportation et à renforcer la gouvernance économique pour restaurer la confiance sur le marché.

Journaliste reporteur , fact-checker, créateur de contenus, responsable des réseaux sociaux à la Radio Indundi Culture, et contributeur wikimedien

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