Vaccin anti-sida de Marseille : une figure de l’ANRS met en doute son efficacité
POLEMIQUE – Les très bons résultats d’un vaccin anti-sida testé actuellement à Marseille seraient, selon certains, largement surestimés. De quoi provoquer la colère du professeur Delfraissy de l’ANRS, l’Agence nationale de recherche sur le Sida.
Nous vous en parlions dans nos colonnes pas plus tard que ce mercredi. A Marseille, une équipe de chercheurs basée à l’hôpital de la Conception va révéler dans les prochains jours les résultats de ses travaux sur le vaccin curatif contre le sida. Ce projet est financé par le laboratoire Biosantech.
Or, depuis quelques jours, des fuites vont toutes dans le même sens. L’essai clinique serait un véritable succès. A tel point que, comme nous le relations ici même, pour certains patients, la piste de la guérison pourrait être évoquée. Dans quelques jours, le compte-rendu exact de ces recherches doit paraître dans la revue médicale Retrovirology.
Un coup de com’ du laboratoire ?
48 malades ont participé à l’étude. Quatre groupes ont été formés avec, selon les scientifiques, trois doses différentes administrées à chaque entité et un placebo injecté à la dernière. Toujours selon eux, neuf personnes auraient vu leur charge virale baisser de façon à ce qu’elle devienne indétectable.
Toutefois, le Pr Delfraissy, qui officie à la très prestigieuse Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) et qui a eu l’étude entre les mains, avant sa publication, dénonce un coup de com’ du laboratoire. Il martèle qu’en l’état actuel des choses, rien ne permet de dire que cette expérience est un succès et que, pour le moment, ces travaux ne font que développer une hypothèse qui reste encore à vérifier.
“Ne pas provoquer de faux espoirs en matière de sida”
Sur le site de la publication médicale Le Généraliste, le professeur laisse éclater sa colère : “Cette construction sur [ce vaccin], c’est une histoire ancienne, mais Biosantech est extrêmement active au niveau de la communication… En effet, il n’existe aucune donnée en faveur de ce candidat vaccin. Quelle que soit la dose administrée, aucune différence significative entre les doses de vaccin n’apparaît, notamment en matière de résultats sur la charge plasmatique virale. De plus, il n’existe aucune donnée solide sur l’effet de ce vaccin sur les cellules infectées (…). Il est de notre responsabilité à nous chercheurs de ne pas provoquer de faux espoirs en matière de sida. Je suis donc furieux de la présentation qui a été faite de ce qui n’est qu’une hypothèse qui reste à démontrer.”.
Il ne reste plus désormais qu’à attendre la publication officielle de l’étude pour que la communauté scientifique puisse trancher en faveur d’un camp ou de l’autre.