Tabassée par les Imbonerakure, la femme d’Emmanuel Ndayemeye vit la peur au ventre. Elle craint que ses bourreaux n’attentent à sa vie.
Regard hagard, le cœur qui bat la chamade au moindre bruit. C’est une mère au bord de la paranoïa depuis son passage à tabac par des Imbonerakure. C’était dans la nuit de vendredi le 27 août 2021, vers 20h. Ces jeunes affiliés au parti au pouvoir font irruption chez elle dans la zone Cibitoke, commune Ntahangwa. Agités, hurlant, jetant par terre tout ce qu’ils trouvent dans son salon. Leur préoccupation : savoir où peut se cacher Emmanuel Ndayemeye, mari d’Arlette Ineza. Avant même que ma patronne n’ait le temps de répondre à leurs questions, raconte une domestique sous le sceau de l’anonymat : « Un d’eux a pris le bras gauche de ma patronne et puis il l’a courbé pour la cogner contre la porte métallique de l’entrée principale de la maison. » A peine pouvant balbutier un mot, la domestique fait savoir qu’ils lui ont intimé l’ordre de s’agenouiller. Apeurée, en sanglots, tremblant de tout son corps, notre source laisse entendre que c’est à ce moment que les malfrats ont vu qu’ils ne peuvent lui soutirer aucun aveu. « Nous aurions crié, demandé de l’aide. Mais, ils nous ont mis en garde que si jamais l’on crie, ils vont nous tuer un à un ». En quittant le domicile familial, l’un des Imbonerakure a lâché à haute voix que le jour où ils appréhenderont ce traître, la famille ne verra même pas son cadavre. Fracturée à son bras gauche, Arlette Ineza, est actuellement prise en charge au centre de santé Bukiriro de Zone Cibitoke, en marie de Bujumbura.
Quid de cet acharnement ?
Selon la victime, il ne fait aucun doute que le motif de cet acharnement serait lié avec la défection de son mari, Emmanuel Ndayemeye au sein du Cndd-Fdd depuis 2015. « Je ne sais pas pourquoi ils le recherchent tant. Mais ce qui est prévisible, cela peut être lié à sa supposée liaison avec des membres du MSD d’Alexis Sinduhije » D’après sa femme, M. Ndayemeye est accusé de trahison. « Ils n’ont jamais digéré le fait qu’il prenne des distances avec eux et c’est ainsi qu’ils ont commencé à l’accuser d’être une taupe qui s’était infiltré au Cndd-Fdd à la solde du MSD jusqu’à ce qu’il décide de fuir au Rwanda en 2018 en attendant que la situation se tasse, surtout qu’il se savait même poursuivi par le Service National des Renseignements (SNR) », indique-t-elle. De fausses allégations, selon elle, car la principale raison derrière sa défection est beaucoup plus d’ordre moral. « Il ne tolérait plus les bavures dans lesquelles trempaient les Imbonerakure, notamment les raquettes, les crimes, viols et vols ». M. Ndayemeye ne reviendra au pays en août 2021 pour les funérailles de sa mère, Ndayisenga.
Nous avons contacté le ministère de Sécurité publique pour avoir plus de détails, toutefois, il n’a pas voulu réagir.