Le nom de NGENEZEBUHORO résume parfaitement le contenu des paragraphes qui vont suivre. S’il s’agit de parler de grands hommes, l’on ne manquera pas de mentionner en premières lignes, le nom de celui qui vient de nous quitter ce vendredi 19 avril 2023.
NGENZEBUHORO Frédéric est né le 2 avril 1952 à Muyange en commune Gitanga, province de Rutana. A l’âge scolaire, Frédéric NGENZEBUHORO a effectué ses études primaires à Muhweza et Rutovu. Après ces études, il a été admis à l’école secondaire, au Petit Séminaire de Buta, y décrochant le certificat du cycle inférieur des Humanités. Son prochain parcours sera une autre terre, cette fois plus lointaine. Comme les enfants de son âge qui devaient quitter leurs régions pour une destination « inconnue », ses parents, joie et tristesse mêlées, lui ont présenté leurs chaleureux adieux, avant de se voir disparaître, sac au dos, dans les brumes épaisses de la large vallée de la rivière Jiji, et d’escalader l’imposant mont Gikizi, au sommet duquel il devrait entrevoir à l’horizon, au-delà d’immenses plateaux centraux, sa nouvelle destination, le Séminaire Moyen de Burasira, qui lui a décerné le Diplôme des Humanités Générales.
Son prochain sort semblait être scellé à l’Université du Burundi, où devrait se réaliser sa passion : la littérature et la Culture. Il obtint avec brio, le Diplôme de Licence en Français-Kirundi, dans la Faculté des Lettres et Sciences Humaines.
Comme pour satisfaire ses appétits insatiables du savoir, il a décroché les Certificats de Perfectionnement en Langues Africaines et en Sociologie de la Communication, à l’université Paris V Renes-Descartes Sorbonne d’abord, et au Centre de linguistique Appliquée de l’Université de Dakar au Sénégal ensuite.
Une riche carrière politique
Ce n’est certainement pas le fait d’être un fervent militant du parti UPRONA (il y en avait beaucoup d’autres) que Frédéric NGEBZEBUHORO s’est vu confier beaucoup de responsabilités, c’est surtout son intelligence et son sens d’humanité qui lui ont valu ce qu’il est devenu. Il occupera ainsi plusieurs fonctions, de Conseiller au Vice-Président de la République, en passant par Chef du cabinet et Ministre de la Communication et Député, sans parler des postes occupés dans la hiérarchie du parti UPRONA.
Dans l’exercice de ses fonctions, ce ne sont pas ceux qui l’ont connu à l’Assemblée nationale et au Ministère de la Communication et même ailleurs, qui vont contredire ce propos, l’Honorable NGENZEBUHORO Frédéric s’est illustré par son humilité, son caractère courtois et accueillant, qui trouvait des solutions spontanées aux problèmes de ceux qui se confiaient à lui.
Un homme de Culture et de paix
Les multiples fonctions officielles qu’il occupait n’ont guère détourné l’attention de l’Honorable Frédéric NGENZEBUHORO pour se concentrer à la Culture. Il est en effet auteur de nombreuses œuvres littéraires dont certaines sont présentes dans les rayons des bibliothèques de plusieurs écoles secondaires. L’on citerait « Ikiyago c’Umukurambere », « Igiti cokura cokweza », Grand père parle, et une pièce de Théâtre « Ntabara Ma », sans oublier son dernier ouvrage « “l’Inoubliable”, qui sera publié, Dieu l’a voulu ainsi, post mortem.
Convaincu que la culture est un maillon incontournable pour le retour à la Paix, NGENZEBUHORO Frédéric a créé, en 1997 au plus fort de la crise socio-politique au Burundi, Une radio, la Radio Culture, dont la vocation était de créer un espace de dialogue qui s’appuie sur les valeurs positives du pays. C’est dans ce cadre qu’en 1999, il a sorti un fim, « MAHORO », pour appeler à la cohabitation pacifique et au retour des déplacés de guerre.
On n’aura pas assez de mots pour décrire cette étoile qui vient de s’éteindre à Kigali en République Rwandaise, où il vivait depuis la fin de ses mandats à l’Assemblée de la Communauté des Pays d’Afrique de l’Est (EALA), mais chacun gardera en sa mémoire son caractère sérieux, sa parfaite organisation du travail, son humour qui plaisait à tout le monde même s’il devrait vous faire des remarques. Quant à cette mort qui l’arrache des mains des siens, dire qu’elles méchante n’est pas nécessaire et suffisant, le plus important est que les grandioses œuvres qu’il a réalisées sur terre le défendront dans l’au-delà
Que Dieu ait son âme et protège les siens.