L’Observatoire National pour la Lutte contre la Criminalité Transnationale (ONLCT – Où est ton frère) alerte sur la persistance de l’esclavage moderne au Burundi, à l’occasion de la Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage. Malgré les cadres législatifs nationaux et internationaux, des réseaux criminels exploitent les vulnérabilités des populations, en particulier des femmes, des enfants et des jeunes, utilisant désormais les technologies numériques pour recruter et exploiter leurs victimes. L’ONLCT appelle à des réformes urgentes pour protéger les citoyens et combattre ce fléau.
À l’occasion de la Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage célébrée le 02 décembre, l’Observatoire National pour la Lutte contre la Criminalité Transnationale (ONLCT – Où est ton frère) tire la sonnette d’alarme. Selon son président, Maître Prime Mbarubukeye, malgré les avancées législatives et les engagements internationaux ratifiés depuis la Convention des Nations unies du 2 décembre 1949, « l’esclavage moderne demeure une réalité persistante, privant encore des millions de personnes de leurs droits fondamentaux ».
Les données de l’Organisation internationale du travail (OIT) montrent l’ampleur du problème : 50 millions de personnes vivaient encore en situation d’esclavage moderne en 2021. Parmi elles, 27,6 millions sont victimes de travail forcé, dont 3,3 millions d’enfants, et 22 millions subissent des mariages forcés, parfois dès leur plus jeune âge.
Les femmes et les filles représentent plus de 70 % des victimes, et sont particulièrement ciblées par l’exploitation sexuelle et le travail domestique forcé.
Ce marché criminel mondial génère à lui seul plus de 150 milliards de dollars de profits illégaux chaque année.
Le Burundi confronté à des réseaux criminels de plus en plus sophistiqués
Selon l’ONLCT,au Burundi, l’année 2025 révèle une évolution inquiétante du phénomène : les réseaux criminels exploitent désormais les technologies numériques pour recruter et manipuler leurs victimes. Réseaux sociaux, messageries cryptées, paiements dématérialisés… les trafiquants s’adaptent rapidement à ces nouveaux outils, rendant les jeunes, les femmes et les mineurs particulièrement vulnérables.
Un exemple récent illustre cette situation : le 24 novembre 2025, 14 migrants burundais en situation irrégulière ont été arrêtés à Mwanza, en Tanzanie, alors qu’ils tentaient de rejoindre le Kenya à bord de deux bus transfrontaliers. Sans documents de voyage, ils transitaient par Kabanga _Gaha, au lieu appelé Sengerema. L’un des chauffeurs, se rendant compte de l’absence de papiers, a immédiatement pris la fuite.
Des itinéraires clandestins bien établis
Les enquêtes menées par l’ONLCT révèlent l’existence de deux principaux itinéraires empruntés par les réseaux de traite des êtres humains. Le premier conduit du Burundi vers la Tanzanie, puis vers Zanzibar avant d’atteindre l’Oman. Sur cette route, les migrants sont ensuite embarqués sur des bateaux rapides destinés à contourner les contrôles aéroportuaires, un passage particulièrement dangereux qui expose les victimes à des risques de noyade, de disparition ou encore d’exploitation directe.
Le second itinéraire, plus long et tout aussi périlleux, mène du Burundi vers la Tanzanie, puis l’Ouganda ou le Kenya, avant de traverser le Soudan du Sud et le Soudan pour finalement atteindre l’Arabie Saoudite via la mer Rouge. Ce trajet est fortement contrôlé par des réseaux criminels organisés, et les migrants y sont confrontés à de multiples formes de violence, notamment la torture, la détention arbitraire, l’exploitation ou encore la disparition forcée.
Des réformes jugées indispensables
Face à l’ampleur du phénomène, l’ONLCT appelle le gouvernement du Burundi à agir d’urgence. L’organisation formule deux recommandations prioritaires. La première consiste à réviser la loi n°1/28 du 29 octobre 2014 sur la prévention et la répression de la traite des personnes, un texte devenu insuffisant face à l’évolution rapide des technologies numériques et aux méthodes de plus en plus sophistiquées utilisées par les trafiquants, souligne Maître Mbarubukeye. La seconde proposition vise la création d’une Cour spéciale dédiée à la lutte contre la traite des êtres humains, appuyée par une brigade spécialisée, afin de démanteler efficacement les réseaux criminels et de renforcer la protection des victimes.
Pour l’ONLCT – Où est ton frère, la situation est critique : il est indispensable de combattre avec fermeté ces formes contemporaines d’esclavage moderne, qui compromettent non seulement la sécurité des citoyens, mais également leur dignité et leur avenir.

























