À l’école Ephphatha de Maramvya, l’inclusion des élèves sourds-muets avec leurs camarades sans handicap met les enseignants à rude épreuve. Entre surcharge, maladies liées à l’épuisement et manque de ressources, la direction lance un appel urgent au renforcement du personnel et à l’amélioration des conditions d’enseignement.
À l’école Ephphatha, située dans la zone Maramvya en province de Bujumbura, l’inclusion des élèves sourds-muets avec leurs camarades sans handicap représente un grand défi. L’établissement, qui manque d’enseignants spécialisés en langue des signes, voit son personnel surchargé et confronté à l’épuisement physique. La direction appelle à un renforcement urgent de ses effectifs.
Chaque jour, les enseignants doivent jongler entre deux méthodes d’enseignement : la langue des signes et l’enseignement oral. Révérien Bizimana, professeur de biologie en 9e année, explique :
« On se fatigue énormément. Cette double approche mobilise tout notre corps et entraîne des problèmes physiques, notamment au niveau de la voix. »
Des conditions de travail difficiles
Selon Zabulon Nkurunziza, responsable des cours, plusieurs enseignants souffrent de maladies liées à ces conditions de travail. « Certains se plaignent de douleurs aux jambes à force de rester debout toute la journée », précise-t-il. Le manque d’enseignants oblige par ailleurs certains à assurer des cours pour lesquels ils n’ont pas été formés. Révérien confie ainsi :
« J’ai étudié les mathématiques, mais faute de personnel, on me confie aussi la chimie, la biologie ou la physique. »
Le manque de personnel n’est pas le seul problème. Depuis son déménagement de Gihosha à Maramvya, l’école ne dispose plus d’électricité. Les cours d’informatique sont donc dispensés de manière très limitée, ce qui prive les élèves d’un apprentissage complet.
Malgré tout, des résultats encourageants
En dépit de ces défis, la direction se félicite du niveau des élèves. Depuis 2012, ils participent aux examens nationaux avec succès. « Nous n’avons jamais eu un taux d’échec total. Parfois même, certains atteignent 100 %. Cette année, sur 10 candidats, deux ont pu poursuivre en post-fondamental », indique Nkurunziza.
Pour l’année scolaire 2025-2026, l’école prévoit d’accueillir 175 élèves sourds-muets internes, contre 169 l’an passé. Face à cette augmentation, la direction plaide pour l’arrivée de nouveaux enseignants formés en langue des signes et l’amélioration des conditions matérielles.