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Editorial : quand la rétention de l’information publique nuit

Depuis l’avènement du pluralisme politique et médiatique vers les années 1990, le Burundi s’est doté de pas mal d’outils et instruments renforçant la communication publique.  Il présente aujourd’hui une large palette communicationnelle englobant les médias traditionnels, les médias en ligne, actuellement en explosion ainsi que les canaux de la communication interpersonnelle.

Le domaine de la communication est désormais régi par une politique nationale de communication adopté en juillet 2012, suivi par une stratégie de communication du gouvernement de mai 2013. Et si la constitution Burundaise de 2018, loi mère stipule en son article 6 que : « Le principe de la république du Burundi est le Gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple », l’information publique ne serait-elle pas par voie de conséquence à la fois un droit du citoyen d’y accéder et un devoir de ses détenteurs de la livrer ?

En janvier 2021, le président de la République a lancé un message très impressionnant et applaudi par les responsables des médias : « Jamais sans les médias. »

Ce fut une lueur d’espoir pour les professionnels de l’information, après un bon moment passé depuis la crise socio politique de 2015 qui avait installé un climat de méfiance entre journalistes et responsables des pouvoirs publics (détenteur de l’information publique).

A part le prescrit de la loi sur la presse de juillet 2024 et d’autres instruments auxquels est souscrit le Burundi, considérant le rôle des médias qui est de garantir notamment la bonne gouvernance et le respect des principes démocratique et si l’on se permettait aujourd’hui de faire un regard rétrospectif, quel bilan dresserions-nous quatre ans après la déclaration du chef de l’Etat en matière de l’accès à l’information publique ?

En tout état de cause, ce n’est pas un secret de polichinelle, des professionnels des médias, canaux privilégiés et véhicule de l’information, déplorent la rétention de l’information publique par certains responsables publics au Burundi. Certains confirment être chaque fois obligés d’ajourner ou même d’annuler certains programmes au nom de l’équilibre de l’information et c’est souvent le nœud d’un climat malsain qui s’installe entre les deux parties. Il va sans dire que le public est privé en partie ou en totalité du droit d’être tenus au courant des réalisations de ses mandataires, pourtant garanti par les textes ci- haut mentionnés.

Dans pareilles situations, comment les partenaires de la communication officielle prétendraient faire avancer le pays vers les horizons 2040, Burundi pays émergent et 2060 Burundi pays développé et espérer la tenue des élections transparentes et inclusives, avec le processus déjà en marche ? Pour quel intérêt donc retenir l’information publique ou barrer la route vers une source ?

Malgré ce tableau quelque peu sombre, nous ne pourrons pas ne pas exprimer notre gratitude aux responsables publics à tous les niveaux qui sont toujours disponibles pour assurer la communication officielle, soit directement à la population soit par médias interposés.

Notre intention n’est pas de dénoncer ou condamner qui que ce soit, c’est plutôt le souci  de rappeler la place et le rôle de la communication officielle et de l’accès à l’information publique dans le renforcement de la culture démocratique, la bonne gouvernance ; socles du développement que nous recherchons.  Puisque : « Ce qui est et ce qui n’est pas n’est pas », disait David Gerrold.

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