Des artistes burundais déplorent le risque de disparition de certains instruments de musique traditionnels si rien n’est fait dans l’immédiat. Ils proposent donc l’introduction de programmes culturels au niveau des écoles fondamentales afin de pérenniser la pratique de ces instruments. Le ministère en charge de la culture considère ces doléances comme légitimes et promet de les soumettre au conseil des ministres.
Ces artistes burundais pratiquant les instruments traditionnels expriment leur préoccupation quant à une possible disparition des instruments de musique traditionnels , comme le souligne Joseph Torobeka, qui joue de l’Inanga. Il déplore également que l’attention des artistes contemporains soit principalement portée sur les instruments modernes. “L’Inanga est actuellement dominé par la guitare alors que c’était l’instrument qui était joué le jour de la fête des semailles. Durant cette fête, il y avait l’exhibition du tambour, mais aussi l’Inanga était joué. Je demande et j’insiste pour que l’Inanga soit joué et enseigné aux générations actuelles.”
Abondant dans le même sens, Sébastien Ntahongendera, qui joue aussi de l’Inanga, signifie plutôt que ce n’est pas uniquement l’Inanga qui risque de disparaître, mais plutôt tous les instruments traditionnels burundais. « Ce n’est pas uniquement l’Inanga qui est en voie de disparition, mais plutôt tous les instruments de musique traditionnelle burundais. Dans les compétitions organisées actuellement, on constate que beaucoup d’instruments sont présents, mais pour le cas de l’Inanga, non. Il faut donc agir. »
Le représentant du centre culturel Akiwacu, Pacifique Mugisha, a voulu savoir qui prendra la relève quand les artistes actuels qui jouent les instruments traditionnels ne seront plus. « Qui va garder cette valeur culturelle quand nos aînés disparaîtront ? Qu’est-ce qu’il faut vraiment faire pour pérenniser la pratique de ces instruments de musique qui sont d’une importance capitale ? Je pense donc qu’il faut encourager nos aînés en leur mettant à disposition tous les moyens nécessaires pour initier les jeunes. »
Le scénariste en même temps acteur de théâtre, Arthur Banshayeko propose l’intégration d’un cours sur la culture au niveau de l’école primaire pour pallier à cette probable disparition des connaissances concernant les instruments traditionnels. « Si un cours sur la culture était introduit dans les écoles fondamentales, cela constituerait certainement une valeur ajoutée en termes de patriotisme, mais aussi cela préparerait le Burundi à avoir des experts dans la culture du pays dans les jours à venir ainsi que dans la pratique de ces instruments », affirme-t-il.
Le ministre de la culture reconnaît que le nombre de personnes pratiquant les instruments traditionnels est également limité, tout en demandant que les séances de sensibilisation soient couplées à cette intégration de la culture au niveau des écoles.