Selon des études faites sur la fertilité du sol par l’Institut Agronomique du Burundi ISABU et le Centre International de Développement des Engrais IFDC (International Fertilizer Development Center),73% des sols burundais sont acides. Des professeurs d’universités et experts agronomes préconisent l’utilisation de la chaux mélangée à la fumure organique. Ils recommandent aux producteurs agricoles de s’adresser aux moniteurs agricoles pour déterminer le pH des sols (neutralité, acidité ou basicité, NDLR).
L’acidité du sol est une diminution de certains sels minéraux. «cela veut dire que quelque part tout processus qui nous enlève les cations basique du sol, et laisse l’aluminium derrière; ces processus ce sont entre autre le lessivage c’est-à-dire le mouvement vertical descendant (l’infiltration dans le sol) des cations avec l’eau, par ce que l’eau c’est le véhicule. Si vous avez des pertes de calcium et de magnésium, vous avez l’aluminium qui domine et vous ȇtes dans des conditions d’acidité. Ou encore l’érosion c’est un processus, tout comme les exportations des cultures sans recyclage. Chaque fois que vous cultivez, vous ne ramenez pas les résidus pour ramener les éléments nutritifs qui ont été enlevés par les cultures », explique le Professeur d’universités et expert agronome, Salvator Kaboneka. «Cela dégrade le sol, et limite la croissance des plantes», poursuit-il, mettant l’accent sur son impact sur la terre cultivable.
Le chaulage pour corriger l’acidité du sol
Pour la correction des sols acides, des actions sont entreprises. « Lorsqu’il y a excès d’aluminium, cela est corrigé par un apport en calcium et en magnésium. La nature est extraordinaire, par ce qu’elle fait qu’il y ait des gisements, c’est-à-dire des ressources minerales de ces cations basiques sous forme de ce qu’on appelle les carbonates de calcium, également calcites, ou carbonate de potassiumou tout simplement dolomite. Si c’est combiné, c’est du calcaire dolomitique. Et on en a plein ici au Burundi, au sud vers Rutana, mȇme à l’ouest du côté de Bubanza et de Cibitoke, ainsi que dans le nord du pays à Busiga, il y en a plein», renseigne le Professeur Kaboneka.
Détermination du bon dosage de chaux
Le professeur d’université et expert en agriculture Sévérin Nijimbere revient sur la détermination de la quantité appropriée de chaux : « Les matières chaulantes c’est tout d’abord la chaux, mais c’est aussi les matières organiques(les fumures organiques). Des services de vulgarisation au Burundi ont sensibilisé à l’utilisation de 2 tonnes à l’hectare. Cette quantité est indiquée pour les sols dont le pH se situe entre 5 et 5,5. Et si le pH se trouve entre 4,5 et 5, il faut augmenter un tout petit peu la quantité. Lorsque le pH est inférieur à 4,5, les doses à appliquer vont peut-ȇtre se doubler et se situer entre 3 tonnes et 4 tonnes. »
Le directeur en charge de l’agriculture dans la province Ruyigi, Rénovat Simuzeye, indique que les producteurs agricoles peuvent s’adresser aux moniteurs agricoles pour calculer le pH des sols. «Nous appelons les producteurs agricoles, en cas de problèmes de faire recours aux moniteurs agricoles qui diagnostiqueront les problèmes et les conseilleront quoi faire», martèle Simuzeye.
Le directeur de la fertilisation au sein du ministère en charge de l’agriculture Venant Sibomana, revient sur le taux de finesse, la granulométrie de la dolomie distribuée dans différentes provinces qui peut ne pas ȇtre de la mȇme qualité : « S’il est utilisé de la dolomie très fine, cela va agir pendant seulement 3 mois et cela va se finir. Ce qui va requérir l’application de la dolomie tout les 3 mois. Il est donc mieux d’utiliser la dolomie de granulométrie mixte, c’est-à- dire fine combinée avec celle qui est grossière. Cela peut quand mȇme donner des impacts très durable».
Chaulage des sols pour augmenter le rendement
Le chercheur et professeur à l’Université du Burundi Sévérin Nijimbere trouve que les producteurs agricoles doivent encore ȇtre sensibilisés sur l’utilisation de la chaux. Après des recherches étalées sur près de 2 années, il souligne que la chaux augmente le rendement agricole et la qualité du sol. «Nous avons fait des recherches sur la correction des sols acides. En utilisant la formule empirique de Yamoha et ses coassociés(une équation de régression qui peut ȇtre utilisée avec la seule donnée du pH du sol), pour déterminer le dosage de la chaux à appliquer aux cultures, nous avons vu que les propriétés du sol se sont améliorées et la production des cultures testées que sont le maïs et le haricot a augmenté.» Nijimbere préconise quoi faire pour appliquer la chaux une seconde fois : « Comme recommendation, à chaque fois que l’agriculteur voudrait mettre de la chaux, il devrait d’avord procéder à l’analyse du pH de son sol et ainsi les calculs de la quantité de chaux deviennent aisés. Mais aussi, pour une deuxième application de chaux dans un champ donné, 2 ans doivent s’écouler. »
Des études faites sur l’état actuel de la fertilité du sol en 2013 et en 2021 par l’ISABU et l’IFDC ont prouvé que 73%, soit 3/4, des sols du Burundi sont acides.