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Le prélèvement salarial des fonctionnaires pour financer les partis politiques : une pratique controversée au Burundi

Des organisations de la société civile, dont la Confédération des syndicats du Burundi (COSYBU), s’opposent fermement à la déduction des salaires des fonctionnaires pour financer les partis politiques, dénonçant une pratique jugée injuste et manquant de transparence. Bien que cette méthode soit courante dans certains pays, elle soulève des interrogations sur son impact sur la démocratie et la responsabilité des partis politiques.

Lors de la présentation des résultats d’une étude sur le financement des partis politiques, des organisations de la société civile, notamment la Confédération des syndicats du Burundi (COSYBU), s’inscrivent en faux contre la déduction des salaires à la source pour financer les partis politiques, dénonce Fidèle Niyonkuru de la COSYBU. “Pour les fonctionnaires, avec leurs salaires minces, qui continuent à être sollicités pour financer, soi-disant, la construction d’une école ou d’autres projets politiques, c’est une autre forme de financement des partis, mais qui manque d’équité et de transparence. La population se lamente, les fonctionnaires également. Nous demandons que cela soit réglementé pour tout le monde, mais cela reste du vol envers les fonctionnaires”, dénonce Niyonkuru.

L’expert en leadership Diomède Ninteretse précise qu’il s’agit cependant d’une pratique effectuée dans certains pays de manière réglementée, une pratique qui peut être bonne ou mauvaise. “Les montants perçus, maison par maison, ou prélevés sur les salaires, au Sénégal, au Bénin et ailleurs en Afrique, sont courants. Mais cela figure dans les statuts des partis politiques. C’est une pratique qui existe, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Elle est aussi pratiquée pour les partis d’opposition. Il faut que ce soit légal, individuel et qu’il s’agisse d’une contribution consentie”, indique-t-il.

Prosper Niyonkuru, représentant de l’organisation New Vision for New Generation, s’interroge sur les conséquences du non-financement des partis politiques par l’État. “Quel est l’impact positif ou négatif si l’État ne finance pas les partis politiques, mais qu’il laisse les partis libres de rechercher eux-mêmes leurs membres et leurs sources de financement ?” propose ce représentant.

L’expert en leadership commente : “Les chercheurs montrent l’avantage du financement par l’État des partis politiques. Laissez-moi vous lire un extrait, et non pas mon point de vue. Lorsque l’État ne finance pas les partis, il y a des inconvénients, des abus, et les partis recherchent ailleurs leurs financements. Il y a tout de même un avantage : cela favorise la responsabilité des partis politiques. Le financement crée des dépenses publiques, des réformes sont opérées. Il existe des avantages au financement tout comme des inconvénients, notamment l’affaiblissement de la démocratie pluraliste”, souligne l’expert en leadership Diomède Ninteretse.

Cet expert affirme que les organisations de la société civile font du lobbying avec les décideurs publics, mais n’en font pas avec la population. Diomède Ninteretse souligne que, pour une consolidation de la démocratie, il est nécessaire de faire des descentes auprès de la population à la base, car en cas de déconnexion avec celle-ci, il y a un recul de la démocratie.

 

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