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Nyanza-Lac : les femmes face à l’urgence oubliée

À Nyanza-Lac, les inondations causées par la montée des eaux du lac Tanganyika ont plongé des centaines de familles dans une précarité extrême. Femmes et enfants sont les premières victimes de ce drame silencieux. Perte de biens, déscolarisation, conditions de vie dégradantes : face à cette détresse, les appels à l’aide se multiplient alors que les réponses humanitaires restent encore insuffisantes.

Les inondations causées par la montée des eaux du lac Tanganyika continuent de bouleverser des centaines de vies dans la commune de Nyanza-Lac. Parmi les plus touchées figurent les femmes, premières à subir les conséquences de cette catastrophe. Leurs récits poignants témoignent d’une détresse profonde et d’un quotidien marqué par la perte, l’insécurité et l’incertitude.

Justine Nibigira, habitante de la colline Mukungu, raconte le jour où sa vie a basculé.

« Cela m’a beaucoup touchée. Je vis aujourd’hui dans de très mauvaises conditions. Les eaux ont emporté nos maisons, les cahiers des enfants, nos habits… tout. »

Comme elle, Thérèse Harimana, mère de six enfants, tente de survivre malgré tout.

« Je me demande ce que je vais faire pour élever mes enfants. Les larmes coulent pour eux. J’étais en train de dormir quand les inondations sont arrivées. Elles ont tout emporté : mon matelas, ma cuisine… Je n’ai rien pu récupérer. »

Mélanie Nimbona, également de Mukungu, se souvient de ce matin où elle a retrouvé ses biens flottant sur les eaux du lac.

« J’ai vu tout ce que j’avais partir avec l’eau. C’est comme si ma vie s’était envolée. »

Malgré cette situation dramatique, ces femmes continuent de se battre pour leurs familles. Certaines se lancent dans de petits commerces informels ; d’autres acceptent des travaux journaliers pour quelques pièces. Mais le combat reste difficile. L’une des conséquences les plus lourdes est la déscolarisation des enfants, faute de moyens pour acheter des cahiers ou payer les frais de scolarité.

« Nous travaillons pour les autres, juste pour nourrir nos enfants. Nous nous débrouillons pour leur acheter des cahiers. Mais c’est dur. Nous avons besoin d’aide. » ajoute Mélanie Nimbona.

Face à cette urgence humanitaire, plusieurs organisations ont commencé à intervenir. L’OIM, le PAM et le programme Merankabandi ont contribué à la construction de 200 maisons sur les collines voisines, afin de reloger les familles les plus affectées. Ces actions sont saluées par les communautés locales, mais les besoins restent criants.

Selon les autorités locales, 713 ménages répartis sur 11 collines de la commune de Nyanza-Lac ont été contraints de quitter leurs habitations en 2024 à cause de la montée des eaux.

Les femmes sinistrées lancent un appel pressant aux autorités, aux ONG et aux âmes charitables : elles demandent un accompagnement durable, pour retrouver une vie digne, assurer l’avenir de leurs enfants et reconstruire ce que les eaux ont détruit.

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