Des artistes burundais réclament l’opérationnalisation d’un conseil académique chargé de la validation des mots conventionnels en langue maternelle, mais également chargé de la confection d’une encyclopédie. Ces artistes déplorent encore ce manque malgré la mise en place d’une académie rundi. Cette préoccupation a été soulevée lors d’une rencontre du ministre ayant la culture dans ses attributions avec les artistes le 1er mars 2024.
L’utilisation de la langue maternelle constitue une préoccupation pour certains artistes burundais, comme c’est le cas de Napoléon Ahishakiye, responsable de la maison “Gusoma”, qui déplore qu’il soit difficile de trouver certaines terminologies en kirundi. « Quand nous parlons du kirundi, nous ne faisons pas référence uniquement aux mots, mais aussi à la grammaire utilisée pour écrire. Aujourd’hui, je ne dirais pas que nous nous réjouissons, puisqu’il n’y a même pas de dictionnaire du kirundi. Ce n’est pas une initiative personnelle, mais plutôt une responsabilité du pays. »
Le scénariste et acteur de théâtre Arthur Banshayeko souligne que le manque d’un organe bien outillé pour trouver certains mots pose problème et conduit à l’utilisation de termes inappropriés par certaines personnes. Il demande donc de doter l’Académie Rundi des moyens nécessaires afin qu’elle puisse accomplir efficacement sa mission. « Autre chose, l’organe de valorisation du Kirundi, l’Académie Rundi, existe déjà mais elle est située non loin de l’université du Burundi. Nous vous demandons de bien suivre de près ses activités. Il est regrettable qu’une personne utilise des mots inappropriés pour parler de nos métiers. Il faut agir. » Souligne- t-il.
L’écrivain Diomède Mujojoma propose quant à lui la mise en place d’une encyclopédie du Kirundi pour valoriser cette langue maternelle. « Il est possible de rédiger une encyclopédie de la culture burundaise afin que chaque secteur soit bien défini, dans l’intérêt des générations à venir. Malheureusement, cela n’a pas encore été fait. »
Le ministre ayant la culture dans ses attributions reconnaît qu’il y a des prérequis pour que le Kirundi soit valorisé et promet que toutes les demandes seront soumises au conseil des ministres. « Il est important que la langue Rundi soit valorisée, qu’il y ait une bibliothèque nationale, et l’introduction de cours de culture. Je comprends cela, et nous allons soumettre toutes ces doléances au conseil des ministres. »
Il convient de signaler qu’en 2020, le chef de l’État avait déclaré que désormais le Kirundi serait utilisé dans les réunions et que les rapports devraient être rédigés en langue maternel.