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Quand le manque de médicaments met des vies en danger à Bujumbura

Dans plusieurs centres de santé de la province de Bujumbura, une pénurie alarmante de médicaments oblige les patients à chercher ailleurs les traitements nécessaires. Cette crise, liée à des retards de paiement du gouvernement, met en danger la santé de nombreux Burundais, malgré les promesses d’une régularisation prochaine.

Dans l’enceinte de l’un des centres de santé de la province de Bujumbura, lors d’une visite, des femmes venues faire vacciner leurs enfants attendent dans la cour du centre, en espérant être reçues.

« Souvent, on nous ordonne d’aller chercher ces médicaments ailleurs. Se rendre dans une structure sanitaire sans médicaments, c’est une perte. » souligne E.D.

En avançant vers un bloc qui accueille d’autres patients, nous avons croisé un garde-malade accompagné de son patient. Nous les abordons et lui demandons s’il a été bien accueilli. Il nous répond d’un ton sévère : « Vous apportez les médicaments de la part du gouvernement ? » Puis ils s’en vont.

« J’étais venu ici pour faire soigner mon enfant, mais je suis reparti sans médicaments. Après avoir constaté que la maladie s’aggravait pendant la nuit, je suis retourné, toujours sans médicaments. J’ai finalement choisi d’aller dans un centre de santé privé, mais je n’avais pas assez d’argent pour payer, et on m’a confisqué mon matériel. La facture s’élevait à 45 000 francs. »

En continuant à chercher d’autres témoignages et nous avons rencontré une femme portant un bébé. En lui posant la même question. Elle nous a informé que cette structure sanitaire manque cruellement de médicaments.

« Celui qui a les moyens ne peut pas venir ici pour se faire soigner, à cause de ce manque de médicaments. » souligne N.L.

Une autre femme contactée, très en colère, raconte qu’elle a failli perdre son enfant à cause de cette pénurie de médicaments.

En prenant la route vers un autre centre de santé, situé à environ 10 km de là. La question reste la même. Les personnes rencontrées répondent avec ironie : « Pas d’autres médicaments, sauf les vaccins. »

Un jeune homme déplore également ce manque : « Celui qui a les moyens ne peut pas venir ici pour se faire soigner à cause de ce manque de médicaments. »

Tous plaident pour l’intervention des autorités compétentes afin que les médicaments soient disponibles dans toutes les structures sanitaires. À ce propos, des sources recueillies au sein des centres de santé, qui ont requis l’anonymat, confirment ce manque de médicaments, lié aux arriérés du gouvernement qui n’ont pas encore été remboursés.

Cette préoccupation a également été soulevée lors de l’émission publique de ce vendredi en province de Cibitoke. Le secrétaire permanent au ministère de la Santé, Olivier NIJIMBERE, rassure que la liquidation se fera progressivement.

« Cela nécessite un certain temps. Nous devons d’abord dépêcher un groupe de personnes pour effectuer des audits dans ces structures sanitaires. Ensuite, les factures sont transmises au ministère de la Santé, puis à celui des Finances. Cela prend environ trois mois. Effectivement, il y a des arriérés. Ceux du mois de juin seront payés l’année prochaine. Une autre partie sera remboursée par le ministère des Finances, comme on nous l’a promis. » précise Olivier Nijimbere.

Environ 28 milliards de francs burundais représentent la somme des arriérés que le gouvernement n’a pas encore versée aux structures sanitaires à travers tout le pays.

 

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