La mise en place de la Société Pétrolière du Burundi (SOPEBU) ainsi que l’introduction du système de distribution de carburant utilisant l’application « Igitoro Pass » ont été envisagées par les pouvoirs publics comme une solution pour résoudre les longues files d’attente observées au niveau des stations-service.
Le contexte de la mise en place de la SOPEBU
Cela fait bientôt plusieurs mois que le pays est confronté à une pénurie criante de carburant, une situation qui a entraîné la formation de longues files d’attente devant les stations-service. Pour mettre fin à ces désagréments, le Président de la République, Evariste Ndayishimiye, avait annoncé la mise en place d’une société pétrolière nationale le 29 décembre 2023, lors d’une émission publique tenue dans la province de Cankuzo, à l’Est du pays. Il a concrétisé cette annonce par la nomination du directeur général de la Société Pétrolière du Burundi (SOPEBU) le 14 mars 2024. Depuis sa création, la SOPEBU a pour mission la coordination des opérations d’importation, de transport, de stockage, de distribution, de commercialisation et de réexportation des produits pétroliers, gaziers et de leurs dérivés.
Qu’en disent les propriétaires de véhicules ?
Les propriétaires de véhicules au sud du pays à Makamba, ne cessent de se lamenter que la plupart n’ont toujours pas été servis en carburant dans les stations-service depuis le lancement de l’application « Igitoro Pass » par la SOPEBU en novembre 2024. Ils déplorent que le carburant fasse cruellement défaut, alors que les véhicules sont servis selon un ordre préétabli par cette même société.
Les mêmes lamentations se font entendre à Bujumbura, la capitale économique du pays, où des conducteurs sont obligés de se ravitailler sur la base de quotas, sans oublier les problèmes récurrents liés à l’application. Dernièrement, les propriétaires de véhicules ont dû mettre à jour l’application depuis le début de l’année 2025.
Grognes lors de l’enregistrement
Lors de l’enregistrement sous le soleil accablant, de longues files d’attente se forment, alors que normalement les véhicules devraient être enregistrés à l’ombre. Le processus d’enregistrement semble aussi servir à collecter les paiements pour les contrôles techniques et les assurances, dont la durée a été prolongée à une année.
Paralysie du transport
Depuis le 3 février 2025, les transporteurs de la province de Makamba ont observé un mouvement de grève en raison de la pénurie de carburant qui frappe la région depuis près de deux mois. Face à l’augmentation des coûts d’approvisionnement en Tanzanie, ils sont contraints d’augmenter leurs tarifs, ce qui entraîne des amendes et exacerbe les tensions avec les autorités et les passagers. La situation a des répercussions sociales et économiques, aggravées par des accusations de corruption et des malentendus au sein des familles des chauffeurs.
La pénurie de carburant, une question liée au manque de devises
La ministre ayant le transport dans ses attributions, Marie Chantal Nijimbere, contactée à plusieurs reprises pour s’exprimer sur le manque de certains produits de première nécessité, y compris le carburant, a toujours souligné que la meilleure façon de résoudre cette question était d’augmenter la production et de favoriser les exportations, afin de générer les devises dont le pays a besoin.
Le Chef de l’État lui-même a reconnu que le pays reste confronté à la pénurie de carburant, arguant que certaines personnes seraient derrière cette situation. Il avait promis en novembre 2024 de prendre en mains cette question.
Le carburant, une question sérieuse, selon l’OLUCOME
Selon Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de Lutte Contre la Corruption et les Malversations Économiques (Olucome), la grande probabilité est que cette pénurie de carburant soit causée par le manque de devises à la Banque centrale. Gabriel Rufyiri incite également le gouvernement à mobiliser tous les moyens possibles pour résoudre cette crise. Il précise que le Burundi a besoin de 30 millions de dollars par mois pour importer une quantité suffisante de carburants, dont 60 % pour l’essence et 40 % pour le diesel.
Conclusion
Bien que la création de la SOPEBU et l’introduction du système « Igitoro Pass », aient été présentées comme des solutions face à la pénurie de carburant, la situation reste marquée par de nombreuses difficultés, notamment le manque de carburant entraînant des mécontentements généralisés. Le pays devra trouver des solutions durables pour surmonter la crise, en particulier en abordant le problème du manque de devises et en renforçant la production locale.