La capitale économique, Bujumbura, est la plus grande ville du Burundi. Cependant, cette ville cache une réalité difficile pour de nombreux enfants qui, chaque jour, se battent pour survivre. Parmi ces enfants, beaucoup sont impliqués dans le commerce informel de produits alimentaires, notamment les arachides, un produit de consommation populaire. Les enfants qui vendent des arachides dans les rues de Bujumbura mènent une existence marquée par des défis multiples : précarité, exploitation, éducation inachevée, mais aussi une forme de résilience face aux adversités.
Le Burundi est l’un des pays les plus pauvres du monde, avec un revenu par habitant parmi les plus bas. Le chômage est élevé et les opportunités économiques sont rares, surtout dans les zones rurales. La pauvreté qui secoue les ménages fragilise les familles. Cette situation conduit de nombreux parents à envoyer leurs enfants travailler pour contribuer aux revenus familiaux, malgré l’interdiction du travail des enfants dans de nombreuses législations internationales et locales.
Les enfants qui se retrouvent dans les rues de Bujumbura, souvent seuls ou accompagnés de leurs familles, vendent des produits comme des arachides, des fruits, des légumes et des articles de consommation courante pour gagner de l’argent. Ces activités ne sont pas seulement une question de survie pour ces enfants, mais aussi une façon de répondre à une pression familiale et sociale qui ne leur laisse souvent pas le choix.
Les conditions de travail des enfants vendeurs d’arachides
Les enfants qui vendent des arachides dans les rues de Bujumbura passent de longues heures sous un soleil accablant, souvent à partir de très jeunes âges. Ils se déplacent de marché en marché, de coin de rue en coin de rue, portant des palettes contenant des œufs et des arachides qui pèsent parfois plus qu’eux. Ils doivent faire face à de nombreuses difficultés : des journées interminables, des conditions météorologiques difficiles, des rues animées et parfois dangereuses, mais surtout des comportements d’adultes qui peuvent être hostiles, voire abusifs.
Les enfants vendeurs d’arachides ne bénéficient d’aucune couverture sociale et n’ont aucune garantie en cas d’accident ou de maladie.
M.P., âgé de 14 ans et originaire de Muyinga, rencontré à l’avenue du Japon à Kabondo, raconte : « Si les policiers nous aperçoivent, ils nous dépouillent de tout ce que nous avons et nous emmènent pour nous détenir au cachot. Nos patrons nous libèrent moyennant un paiement. Une fois libérés, nous devons travailler pour rembourser les patrons pour la caution payée ainsi que les œufs et les arachides déjà pris par les policiers. Quand je tombe malade, le patron se charge des soins, mais à condition que je rembourse une fois rétabli. »
Un autre défi est que ces enfants commencent leurs journées très tôt, souvent avant l’aube, pour se terminer tard dans la nuit. Une fois leurs petites marchandises écoulées, ils retournent chez eux, souvent sans avoir pu accumuler un revenu suffisant pour subvenir aux besoins de leur famille. Ils sont soumis à une pression constante pour vendre toujours plus, avec peu de répit ou de temps libre.
Travail des enfants à Bujumbura : pauvreté et pressions sociales
“Le travail des enfants à Bujumbura est un phénomène qui s’explique par plusieurs facteurs liés à la pauvreté, à la structure familiale et à l’absence de mécanismes de soutien adaptés. De nombreuses familles vivent dans des conditions précaires et ne parviennent pas à joindre les deux bouts. L’argent généré par les enfants peut alors devenir un complément indispensable au revenu familial. Pour certains, vendre des arachides dans les rues est une manière de contribuer directement à la survie de la famille”, affirme David Ninganza, représentant légal de l’organisation SOJPAE.
Dans certaines communautés, il est mal vu de ne pas contribuer aux besoins familiaux, même si cela implique que les enfants soient envoyés dans la rue. Beaucoup de parents pensent que travailler tôt est une façon d’apprendre la responsabilité et de se préparer à l’avenir. Cependant, cette “éducation au travail” ne tient pas compte de l’impact négatif qu’elle peut avoir sur la santé physique et mentale de l’enfant.
Les initiatives pour lutter contre l’exploitation des enfants
Le gouvernement, appuyé par différentes organisations non gouvernementales (ONG) comme le PAM, et des initiatives locales œuvrent pour protéger les droits des enfants à Bujumbura et ailleurs au Burundi. Il offre des programmes de sensibilisation, des centres de réinsertion scolaire et même des aides financières pour permettre aux familles de faire face à leurs besoins sans avoir à envoyer leurs enfants travailler dans les rues. Certaines ONG fournissent des repas scolaires, des kits scolaires gratuits et des bourses pour encourager la scolarisation des enfants issus de familles vulnérables à travers le système des cantines scolaires.
La question du travail des enfants à Bujumbura est donc liée à une problématique socio-économique plus large qui nécessite des solutions durables, telles que l’amélioration des conditions de vie des familles et l’accès à une éducation gratuite et de qualité.
La vie des enfants qui vendent des arachides à Bujumbura est marquée par des défis de taille. Ces enfants font face à une existence difficile où survie et travail se mêlent dans un quotidien où les heures de labeur semblent interminables et les perspectives d’avenir incertaines. Leur exploitation illustre une réalité sociale profonde liée à la pauvreté, à l’absence de structures de soutien et à l’absence d’accès à l’éducation. Bien que des efforts soient déployés pour lutter contre cette situation, il reste encore beaucoup à faire pour garantir un avenir plus radieux et plus équitable pour ces enfants.