Autrefois fleuron de l’économie locale, la culture du coton à Gatumba traverse aujourd’hui une crise profonde. Face à une production en chute libre, à la démotivation des producteurs et à un manque d’investissement, les habitants lancent un appel pressant au gouvernement pour relancer cette culture industrielle essentielle à leur survie.
Pilier économique de la région Imbo dans les années passées, la culture du coton connaît aujourd’hui un net recul. Introduite au Burundi durant la colonisation, cette plante industrielle était principalement cultivée dans les plaines, où elle assurait des revenus décents à de nombreuses familles.
Un sexagénaire rencontré sur place se souvient avec nostalgie de l’âge d’or du coton. Dans les années 1970, 1980 et 1990, les récoltes étaient abondantes : « Nous remplissions des remorques entières, la production était florissante », confie-t-il. À cette époque, le coton faisait vivre la majorité des habitants de la localité.
Mais la situation a bien changé. La production a chuté drastiquement, affectant directement l’économie des ménages et celle du pays. Ce recul s’explique, selon les agriculteurs, par un manque d’investissements, une faible valorisation de la filière et des prix d’achat trop bas. « Nous sommes découragés. Le coton n’est plus rentable », déplore un producteur.
Conscients de l’enjeu, les habitants de Gatumba appellent le gouvernement à agir. Ils réclament une relance sérieuse de la culture cotonnière, notamment par l’augmentation du prix du coton au kilo et la prise en compte des dettes contractées par les producteurs. À titre d’exemple, le chef de zone affirme n’avoir jamais récupéré l’ensemble de ses fonds investis dans la culture du coton.
Dans une tentative de redynamisation, une coopérative locale a lancé des essais d’homologation de cinq variétés de coton maliennes, sur une superficie de 36 000 hectares réservée à cette culture. Une initiative saluée, mais jugée insuffisante par les cultivateurs.
En réponse à ces revendications, l’État burundais a récemment revalorisé le prix du kilo de coton, le faisant passer de 600 à 700 francs burundais. Une amélioration certes, mais que beaucoup jugent encore dérisoire au vu des coûts de production.
Relancer la culture du coton à Gatumba nécessitera donc plus que des ajustements tarifaires. Les agriculteurs attendent des mesures concrètes : soutien financier, accès aux semences de qualité, accompagnement technique et valorisation de la chaîne de production.