À Bubanza, les producteurs de café ne cachent plus leur inquiétude : depuis des mois, la majorité d’entre eux n’a pas reçu l’argent de la récolte livrée en juin. Alors que les autorités évoquent des problèmes liés au nouveau système de paiement, les familles s’enfoncent dans les difficultés et redoutent une crise plus profonde à l’approche de la nouvelle saison.
Dans la commune de Bubanza, province de Bujumbura, les caféiculteurs tirent la sonnette d’alarme. Ils affirment n’avoir toujours pas été payés depuis le mois de juin, un retard inhabituel que les autorités attribuent au nouveau système de paiement via les comptes bancaires, lumicash ou Ecocash. Introduit cette année pour moderniser la gestion financière, ce système aurait finalement retardé le déblocage des fonds destinés aux producteurs.
Selon les informations recueillies, sur onze usines implantées dans la commune de Bubanza, seules quatre ont déjà payé leurs fournisseurs, toutes étant des usines privées. Les caféiculteurs rattachés aux autres usines continuent d’attendre leur argent, parfois dans des conditions très difficiles.
Ces retards ont des conséquences directes : les ménages qui comptaient sur cet argent pour préparer la saison agricole, payer la scolarité des enfants ou acheter des semences se retrouvent dans l’incapacité d’assumer leurs dépenses. Certains ont dû contracter des dettes difficiles à rembourser, et beaucoup disent ne plus savoir comment avancer.
Des producteurs témoignent : « J’ai vendu, mais je n’ai jamais été payée. Nous n’avons personne pour nous défendre ». D’autres évoquent la tentation d’abandonner leurs champs de café ou de confier leur production à d’autres coopératives en raison de ces retards répétés.
Les autorités évoquent une « erreur technique » liée au nouveau système, notamment l’enregistrement incorrect de certains producteurs. Face à cette situation, de nombreux caféiculteurs demandent un retour à l’ancien mode de paiement en main propre, jugé plus simple, plus rapide et mieux adapté à leur réalité quotidienne. Ils dénoncent aussi les difficultés rencontrées par une partie de la population qui, pour des raisons culturelles ou religieuses, refuse d’ouvrir un compte bancaire, ce qui les prive durablement d’accès à leurs revenus.

























