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Burundi: Fêter le Nouvel An dans un climat de misère

Au moment où le monde s’active à célébrer les fêtes de Noël et du Nouvel An, certains Burundais entonnent une autre chanson. La faiblesse du pouvoir d’achat et la hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité obligent les gens à se résigner, et les plus humoristes disent que ces fêtes ont été « reportées ». Le gouvernement, à travers l’Inspection générale de la police, ordonne le respect des prix tels que fixés par la réglementation.

« Il n’y a pas de quoi se préparer, nous sommes tannés par la misère, les choses sont devenues trop chères. Seuls les plus nantis ont le pouvoir d’achat », s’indigne une acheteuse au marché de Makamba (sud du Burundi).

Ces grognes des acheteurs sont aussi celles des vendeurs qui passent tout leur temps à attendre vainement les clients. « Actuellement, il n’y a pas d’argent, comparativement aux années passées. Nous n’allons pas célébrer les fêtes car c’est ici que nous tirons de l’argent », se plaint un vendeur au marché de Makamba.

Une vieille femme rencontrée à Makamba affirme avoir seulement mille francs burundais pour acheter quelques aubergines pour la fête. Elle regrette les temps anciens où, à pareilles occasions, les voisins apportaient une partie de leurs récoltes pour partager à manger et à boire. Aujourd’hui, c’est du chacun pour soi.

À Gitega, les salariés confient qu’ils n’ont plus les moyens de célébrer les fêtes, car déjà leur salaire ne permet plus de joindre les deux bouts du mois. Pour eux, se permettre d’acheter des produits tels que la viande ou les petits pois frais est impossible, sauf si vous les produisez vous-mêmes.

Le gouvernement met en garde

Dans sa lettre datée du 17 décembre 2024, l’Inspecteur général de la police a donné l’instruction à tous les commissaires régionaux et à leurs sous-ordres de faire respecter les prix officiels des produits de première nécessité et des tickets de transport, et de rendre un rapport chaque matin sur la situation.

Malgré cette mise en garde, qui a été partiellement suivie, notamment pour les produits de la Brarudi qui sont très rares ces jours-ci, les prix des autres produits n’ont pas baissé d’un iota ; au contraire, ils ont grimpé.

À Ruyigi, le prix de certains produits ne rassure pas : un kilo de haricots coûte 4 800 francs burundais, celui de la viande 25 000 francs, et celui du riz 6 000 francs burundais. Les habitants de cette province frontalière avec la Tanzanie dénoncent la dépréciation de la monnaie burundaise, qui constitue un frein à l’importation des produits en provenance des pays limitrophes.

Noyer les soucis dans l’humour et la prière

« La fête du Nouvel An est reportée sine die ! », lance un autre à son ami, non sans humour.

Face à l’impossibilité de célébrer les fêtes du Nouvel An à leur satisfaction, les burundais se résignent à le faire selon leurs maigres moyens. D’autres le font dans leur esprit ou décident d’aller passer la nuit dans les maisons de prière, en attendant des jours meilleurs.

 

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