Alors que la Banque centrale prévoit une croissance de 4,6 % pour 2025, portée par l’agriculture et le secteur extractif, l’inflation devrait atteindre 38,6 % au premier trimestre. Face aux incertitudes liées à la situation sécuritaire en RDC et aux défis de digitalisation du secteur financier, les experts tentent de rassurer et d’anticiper les impacts sur l’économie nationale.
Lors de la présentation, le 13 mars 2025, du rapport sur la politique monétaire du quatrième trimestre de l’année 2024, le gouverneur de la Banque centrale, Édouard Normand Bigendako, a précisé le taux de croissance prévu pour l’année 2025.
“Pour l’année 2025, une croissance du PIB (Produit Intérieur Brut) de 4,6 % est attendue, imputable à l’amélioration de l’activité dans le secteur primaire, notamment dans l’agriculture vivrière, ainsi qu’à l’accélération de la croissance du secteur secondaire, principalement tirée par l’activité extractive. Concernant la conjoncture économique nationale, il a été noté une augmentation de la production de café vert de l’ordre de 87,2 % au quatrième trimestre 2024, grâce à la hausse de la production de café parche.” a déclaré le gouverneur de la Banque de la République du Burundi.
À ce propos, la représentante résidente de la Banque mondiale, Hawa Cissé Wagué, a interrogé le gouverneur sur l’impact de la situation sécuritaire à l’Est de la République Démocratique du Congo sur ces projections.
“Avez-vous pris en compte l’évolution de la situation sécuritaire à l’Est de la RDC ? Comment cela a-t-il influencé vos prévisions ? Peut-être aviez-vous initialement une projection plus élevée, mais, avec l’évolution actuelle, l’incertitude demeure quant à l’impact sur le Burundi et son économie en général. Comment cette situation affecte-t-elle la croissance, la projection de 4,6 %, ainsi que l’inflation ?” s’est interrogée Wagué.
Quant à Nicolas Ndayishimiye, directeur général de l’Institut National de la Statistique du Burundi (INSBU), il se dit préoccupé par la digitalisation du secteur financier et l’interopérabilité entre les banques.
“C’est au niveau de la digitalisation du secteur financier et de l’interopérabilité, notamment le partage des informations, que se posent des défis. Si nous voulons un secteur financier efficace, nous devons également réfléchir en amont à la mise en place des autres systèmes nécessaires.” affirme-t-il.
Croissance économique et inflation : la Banque centrale rassure et anticipe les défis
Le directeur des études économiques et statistiques au sein de la Banque centrale, George Ntangorane, a rassuré la représentante résidente de la Banque mondiale.”Pour les hypothèses de croissance, nous avons bien sûr pris en compte la situation en RDC (République Démocratique du Congo). Que ce soit au niveau du cadrage ou de la production, nous avons intégré cet élément, notamment en ce qui concerne les exportations vers la RDC. Cette situation a également eu un impact sur la balance des paiements. Nous collectons toutes les données relatives aux exportations vers ce pays.”
Amédée Kwizerimana, chef du service du système des paiements à la Banque de la République du Burundi, a quant à lui apporté des éclaircissements sur la digitalisation du secteur financier. “En collaborant avec les systèmes des autres institutions connexes, nous rendrons ainsi tout le monde interopérable. Les données que nous collecterons seront accessibles à toute personne souhaitant les exploiter dans le secteur financier.”
Au premier trimestre de l’année 2025, une hausse de l’inflation de 38,6 % est prévue, contre 30 % au dernier trimestre de 2024, selon le gouverneur de la Banque centrale.
Les estimations du cadrage macroéconomique de février 2025 indiquent que la croissance économique pourrait atteindre 3,9 % en 2024, contre 3,3 % en 2023. Cette progression est attribuée aux bonnes performances du secteur tertiaire, notamment dans les branches banques, assurances et administration publique, ainsi que dans la sous-branche des services de poste, télécommunications et Internet.