Face à une dégradation inquiétante de la qualité de l’enseignement au Burundi, la Fédération Nationale des Syndicats du Secteur de l’Enseignement et de l’Education (FNASEEB) dénonce des programmes inadaptés, un manque de matériel pédagogique et une mauvaise préparation des enseignants. Alors que les réformes éducatives sont jugées indispensables, elles peinent à se concrétiser faute de moyens suffisants.
La Fédération nationale des syndicats du secteur de l’enseignement et de l’éducation du Burundi (FNASEEB) déplore la dégradation continue de la qualité de l’apprentissage dans les écoles. Selon son président, Antoine Manuma, plusieurs causes structurelles expliquent cette situation, notamment des programmes inadaptés et une préparation insuffisante du personnel enseignant.
L’un des exemples les plus frappants concerne l’enseignement du français en première année fondamentale. Ce cours devrait débuter par l’utilisation de supports de diffusion audio via des radios. Malheureusement, ces équipements ne sont pas disponibles dans les écoles. En conséquence, les enfants, qui n’ont pas encore acquis les bases du français — langue étrangère pour eux —, peinent à comprendre les leçons. Les enseignants, quant à eux, se retrouvent démunis face à cette réalité.
Des contenus trop lourds pour les premières années
Autre difficulté soulevée par la FNASEEB : la surtaxe du programme de Kirundi en première année fondamentale. Celui-ci combine les contenus des deux premières années de l’ancien système éducatif. Cette densité oblige les enseignants à avancer trop vite, au détriment de la compréhension des élèves.
En quatrième année fondamentale, les mathématiques sont enseignées en français, alors que les élèves ne maîtrisent pas encore cette langue. Cette situation complique davantage l’acquisition des connaissances. Les spécialistes en éducation recommandent pourtant un apprentissage initial dans la langue maternelle, qui facilite la compréhension.
Le quatrième cycle de l’école fondamentale présente également des défis majeurs. Le programme de sciences et technologies ne regroupe pas moins de cinq disciplines : biologie, chimie, physique, technologie, et technologies de l’information et de la communication (TIC). Or, aucun enseignant n’est qualifié pour enseigner efficacement l’ensemble de ces matières. En pratique, chacun se limite aux contenus qu’il maîtrise, délaissant les autres.
La FNASEEB déplore également l’insuffisante mise en œuvre de l’approche pédagogique actuelle, censée succéder à la pédagogie de l’intégration. Cette méthode, centrée sur le développement des compétences, n’est pas exploitée de manière optimale. Les enseignants manquent de formation, les programmes sont trop vastes et les élèves, ayant accumulé des lacunes depuis les cycles inférieurs, peinent à s’y adapter.
Des réformes nécessaires mais coûteuses
Face à ces constats, le gouvernement a reconnu que le système éducatif burundais est confronté à de nombreux défis, notamment en ce qui concerne la pertinence des programmes. Des réformes deviennent donc incontournables. Certains aspects de l’ancien système pourraient être réintroduits, tout en respectant les recommandations issues des États généraux de l’éducation.
Toutefois, comme l’a rappelé le ministre de l’Éducation, François Havyarimana, ces réformes doivent être d’importants moyens financiers. Il ne s’agit pas seulement de revoir les programmes, mais aussi d’anciens enseignants et de produire ou importer les documents pédagogiques nécessaires.
La FNASEEB appelle le gouvernement à mobiliser les ressources indispensables pour améliorer la qualité de l’éducation. Elle insiste sur l’importance de planifier les réformes avec des personnes compétentes, tout en impliquant les enseignants, qui restent les principaux acteurs du changement sur le terrain.
Le ministre Havyarimana reconnaît qu’il subsiste de nombreux défis, et affirme que certains programmes doivent être restructurés.