En province de Bujumbura, de nombreuses jeunes filles, notamment des élèves, peinent à se procurer des serviettes hygiéniques. La flambée des prix, passés de 2 000 à plus de 4 500 FBu la boîte, les pousse à recourir à des morceaux de tissu pour se protéger. Cette alternative risquée expose ces adolescentes à des infections et compromet parfois leur assiduité à l’école. Face à cette situation, elles appellent à la création d’unités locales de production afin de rendre ces produits essentiels plus accessibles et abordables.
« Avant, une boîte de serviettes hygiéniques coûtait 2 000 francs burundais, mais aujourd’hui, elle est à 4 500 », confie une élève d’un lycée de Kabezi.
Cette hausse, enregistrée ces derniers mois, met à mal les budgets déjà limités des familles. Dans certaines boutiques, les prix ont grimpé de plus de 100 % en moins d’un an, selon des commerçants locaux.
Face à cette situation, plusieurs adolescentes n’ont d’autre choix que de recourir à des morceaux de tissu en guise de protection. Une alternative à haut risque.
Si ces solutions de fortune permettent de pallier l’urgence, elles exposent néanmoins les jeunes filles à de nombreux risques sanitaires, notamment des infections vaginales.
« Certaines de mes amies disent qu’elles développent des infections. Ce n’est pas facile du tout quand on utilise des morceaux de tissu, ça pose vraiment problème », témoigne une autre élève.
Selon plusieurs associations œuvrant pour la santé reproductive, ces pratiques accentuent la vulnérabilité des adolescentes et peuvent entraîner des absences répétées à l’école, surtout dans les zones rurales où l’accès à l’eau et à des produits d’hygiène adéquats reste limité.
Conscientes de ces difficultés, certaines jeunes filles plaident pour la création d’unités locales de fabrication.
« Nous demandons que davantage d’usines de fabrication de serviettes hygiéniques soient installées au Burundi, afin que les prix puissent baisser », réclame une élève de la commune Mutimbuzi.
Pour elles, la production locale pourrait réduire les coûts liés à l’importation et permettre à davantage de jeunes femmes d’accéder à des produits hygiéniques de qualité.
Les experts en santé reproductive estiment que la question de l’hygiène menstruelle devrait être considérée comme une priorité nationale.
« La gestion de l’hygiène menstruelle est un enjeu de dignité, d’égalité et de santé. Elle touche directement la fréquentation scolaire des filles », souligne un responsable d’une ONG locale.
Malgré quelques initiatives isolées de fabrication de serviettes lavables, les efforts restent limités face à la demande croissante. En l’absence d’un soutien gouvernemental concret et d’une stratégie de production locale durable, la précarité menstruelle continue d’affecter silencieusement des milliers de filles à travers le pays.
La cherté des serviettes hygiéniques n’est pas qu’une question économique : c’est un enjeu de santé publique, d’éducation et d’égalité des genres. Tant que ces produits resteront hors de portée pour une majorité de jeunes filles, la promesse d’un accès équitable à l’éducation et à la santé reproductive au Burundi demeurera inachevée.

























