Alors que la pénurie de carburant continue de paralyser le quotidien des burundais, les tensions montent au sein du parlement. Le président de l’Assemblée nationale accuse certains acteurs de cacher volontairement des stocks, tandis que des députés dénoncent l’inaction du gouvernement face à la détresse de la population. Le débat met en lumière une crise profonde, sans solution immédiate.
Le président de l’Assemblée nationale, Daniel Gélase Ndabirabe, s’est exprimé sur la pénurie de carburant au Burundi alors que le Premier ministre présentait le rapport semestriel du plan de travail et du budget annuel 2024–2025. Il a affirmé que du carburant existe bel et bien, mais que certaines personnes le dissimulent, tout comme les devises utilisées pour l’importation de produits de première nécessité. Le président de l’Assemblée propose d’ailleurs aux députés de demander une dérogation spéciale pour effectuer des perquisitions dans les ménages, afin de vérifier la disponibilité réelle du carburant au Burundi.
« Demandez une dérogation spéciale pour effectuer des fouilles perquisitions dans les quartiers. Vous constaterez que le carburant se trouve dans des maisons d’habitation, à prendre ou à laisser. La preuve en est que les gens continuent de circuler en véhicules, tout comme les allées et venues des camions. Menez vraiment cette investigation », a affirmé Daniel Gélase Ndabirabe.
Pour le député Pamphile Malaika, il est essentiel de comprendre l’ampleur de la souffrance des burundais liée à cette pénurie de produits pétroliers. Il a demandé si le premier ministre s’était déjà rendu au parking du centre-ville pour constater à quel point les citoyens souffrent, exposés à un soleil accablant ou à une pluie battante :
« Je voudrais demander au Premier ministre s’il s’est au moins rendu au parking de l’ancien marché central pour voir comment les gens, faisant la queue sur de longues files pour les bus de transport, sont tantôt frappés par le soleil, tantôt par la pluie. Et quand il pleut, ils sont dispersés. Je ne sais pas non plus s’il a déjà observé combien de personnes se déplacent à pied à cause de la pénurie de carburant », s’interroge le député Pamphile Malaika.
Le premier ministre a répondu que tout dirigeant qui ne comprend pas la souffrance de la population a déjà perdu sa légitimité en tant que leader. Il a affirmé s’être rendu lui-même au centre-ville de Bujumbura pour s’enquérir de la situation :
« Si les citoyens ont des problèmes, ces problèmes sont les nôtres à tous. Car les places que nous occupons aujourd’hui, c’est grâce à ces citoyens. Alors, si tu n’es pas préoccupé par leurs problèmes, je ne te qualifierais pas de bon leader. Je passe souvent au marché central sans que personne ne sache que c’est moi. J’y vais régulièrement pour constater ce qui s’y passe », a répondu le premier ministre Gervais Ndirakobuca.
Le député Agathon Rwasa, de son côté, affirme qu’il est quasiment impossible d’atteindre la vision d’un pays émergent en 2040 et développé en 2060 tant que la pénurie de produits pétroliers persiste. Il demande la tenue d’états généraux pour analyser de fond en comble la situation globale du pays et adopter un ensemble de mesures susceptibles de sauver un pays au bord du gouffre.
Lors d’une émission publique des porte-parole des institutions à Rumonge, le porte-parole du gouvernement, Jérôme Niyonzima, a précisé que le seul moyen durable de résoudre le problème des produits nécessitant des devises pour leur importation est d’attendre que les minerais déjà découverts soient exploités et exportés, afin de faire entrer des devises dans le trésor public.