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Le recours aux ressources de l’État pour les campagnes électorales soulève des tensions au Burundi

Alors que le ministre de l’Intérieur défend l’utilisation des moyens publics par les responsables politiques, des partis de l’opposition, tels que l’APDR et le FPI, dénoncent une violation de la loi et un déséquilibre entre les compétiteurs. Les critiques se concentrent sur l’usage des véhicules et autres ressources étatiques dans les campagnes, alors que la loi électorale interdit de telles pratiques. Les autorités réaffirment cependant leur position, suscitant un débat sur la transparence et l’équité des prochaines élections.

Le président du parti APDR, Gabriel Banzawitonde, souligne que le fait que les cadres de l’État membres du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, utilisent les moyens à leur disposition, appartenant à l’État, dans leurs campagnes constitue une violation flagrante de la loi. « Il faut que ce comportement s’arrête. Comment se fait-il que les administrateurs, gouverneurs, directeurs généraux, ministres et bien d’autres se permettent d’utiliser les ressources de l’État pour participer aux campagnes électorales ? C’est vraiment une violation flagrante de la loi. Et l’on se demande si les autres partis ont cette chance. Non seulement c’est une dilapidation, mais cela crée aussi un déséquilibre entre les compétiteurs », déplore le président du parti APDR, Gabriel Banzawitonde.

Le président du parti FPI, Francis Rohero, abondant dans le même sens, estime que le décideur politique devrait d’abord prioriser un changement de comportement. Il faut distinguer d’abord ce qui relève de la sphère publique de ce qui relève de la sphère privée.

Le ministre de l’Intérieur, Martin Niteretse, s’en défend

Lors d’un point de presse, le lundi 19 mai 2025, après une semaine de campagne électorale, Martin Niteretse a fermement défendu l’utilisation des moyens de l’État par certains cadres. « Je vous donne l’exemple du gouverneur de la province de Gitega, qui est candidat député. Vous savez que la province de Gitega s’étend de Mwaro jusqu’à Karuzi, et lorsqu’il mène la campagne, on lui dit de ne pas utiliser son véhicule de fonction. Lorsqu’il est sollicité pour régler telle ou telle autre urgence, comment pourrait-il intervenir sans moyen de transport ? La population a besoin d’être servie, même durant la période de campagne », insiste le ministre.

Le secrétaire général de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques, Arthémon Muntunutwiwe, qualifie l’utilisation des moyens de l’État à des fins politiques, comme cela se remarque durant cette période de campagne électorale pour les législatives et les conseils communaux, de pure et simple malversation. Monsieur Arthémon Muntunutwiwe rejette en bloc les arguments du ministre et appelle à l’arrêt immédiat de cette pratique, tout en rappelant que les activités des partis politiques n’engagent pas tous les Burundais.

Que prévoit la loi 

La Constitution, qui est la loi fondamentale, prévoit dans son article 88 que les élections doivent être libres, transparentes et régulières. Le code électoral en détermine les modalités pratiques.

Dans le code électoral, l’article 33 stipule que « les pratiques publicitaires de caractère commercial, les dons et libéralités en argent ou en nature à des fins de propagande pour influencer ou tenter d’influencer le vote durant la campagne électorale sont interdits. De même, l’utilisation des biens ou moyens d’une personne morale publique, institution ou organisme public, aux mêmes fins, est interdite. »

 

Journaliste reporteur , fact-checker, créateur de contenus, responsable des réseaux sociaux à la Radio Indundi Culture, et contributeur wikimedien

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