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Quand la vannerie rend célèbre

Monique Ntahongendera est une femme exceptionnelle qui habite sur la colline Buhabwa, zone Kanka, commune Bisoro dans la province de Mwaro. Abandonnée, elle ne lâche pas. C’est une battante qui a pris soin de ses quatre enfants depuis que son mari l’a quittée et elle a pu terminer la maison familiale que ce dernier avait laissée en chantier. A côté des maigres revenus agricoles, c’est grâce à la vannerie qu’elle arrive à s’en sortir. C’est de sa mère qu’elle tient le talent. De fil en aiguille, elle a aiguisé son art et partagé sa passion avec des femmes de sa colline qu’elle a regroupées en association. Admirée de tous, l’administration communale l’a identifiée pour participer à des expositions locales. Elle est devenue célèbre lors des foires nationales et a eu la chance d’être invitée dans une exposition internationale au Qatar, dans la ville de Doha.

« Encore jeune fille, je voyais ma grand-mère et ma mère pratiquer la vannerie. Elles étaient si passionnées qu’elles m’encourageaient. » confie, assise chez elle, Monique Ntahongendera, une femme de la cinqquantaine résidant à la colline de la commune Bisoro dans la province de Mwaro. Elle évoque ses débuts dans ce métier.

Elle explique qu’elle a alors eu une passion folle à faire de la vannerie. «  Je le faisais tout le temps  », nous dit-elle, l’air pensif. Lorsqu’elle s’est mariée, elle avait un tout petit peu rompu sa routine, en se concentrant sur les travaux champêtres. Son mariage n’a pas pris long feu, puisque quelques années plus tard, lorsqu’elle a eu son quatrième enfant, son mari, avec une lâcheté sans nom puisqu’il a prétendu quitter le village pour partir chercher du travail en ville à Bujumbura , l’a malheureusement finalement quitté pour en épouser une autre. Un grand choc et une grande douleur dont elle a puisé toutes ses dernières énergies positives afin de repenser à ses passions de jeunes filles, à ses rêves et à sa vie. Elle résolut qu’il était nécessaire de combiner l’agriculture et la vannerie pour arriver à elle seule, à subvenir aux besoins de sa famille.

Résiliente, Monique ne s’est pas juste limitée à compléter les revenus de son ménage, plus encore à-elle continuer la construction du chantier de la maison familiale que son mari avait laissée en suspens.

« Avant son départ, mon mari avait déjà commencé à fabriquer des briques, mais comme il n’est pas revenu, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose d’abord pour élever mes enfants et aussi finir le projet de construction de la maison familiale. Avec le revenu de mes produits, j’ai pu acheter des tôles, des fenêtres, des portes, et bien d’autres matériaux » témoigne-t-elle avec un air de satisfaction.

Un succès inattendu ?

Complètement emprise dans sa passion à l’instar de sa mère et sa grand-mère, Monique montrait à tous ceux qui lui demandaient comment elle fait. Parfois, elle exploitait son temps libre, comme une sorte de relaxation et de changement après les travaux des champs, à faire un peu de vannerie avec ses copines, voisines. Elle avait constaté que certaines femmes de son entourage ne faisaient presque rien et eut l’initiative de les rassembler. « C’est ainsi que nous nous sommes réunies en association, » confirme-t-elle les débuts de l’aventure en association.

 

Une goute dans l’océan puisqu’il en est fallu si peu avant que l’administration communale remarque cette belle initiative de Monique à encourager. Beaucoup de belles corbeilles avec de merveilleuses textures artistiques étaient faites, de paniers de toutes sortes et de toutes les tailles, petit, moyen et grands. Ainsi que d’autres productions qui relèvent de l’art.

Après quelques expositions locales, Monique et son association ont été plusieurs fois invités dans des foires d’exposition dans la ville de Bujumbura. Trois fois consécutives, elle a été consacrée première au niveau national, dans la catégorie de la vannerie. Ce succès lui a valu un billet qui lui a permis de voyager pour la première fois à l’extérieur du pays à destination du Qatar ou elle a participé à la foire internationale de Doha.

 

 

Une source d’inspiration pour l’entourage

Toute ces réalisations ont fait de Monique une personne très connue et appréciée de son entourage. Elle a pu, grâce à ses activités, contribué à inspirer d’autres femmes à se ressaisir et prendre leurs destins en main.

Victoria Sinzumunsi, membre de son association apprécie comment Monique a su mobiliser les femmes à se réunir dans une association pour les initier à la vannerie et ainsi conquérir une certaine autonomie. « C’est grâce à elle que je peux aujourd’hui me procurer tout ce dont j’ai besoin et élever ses enfants. Grâce à la vannerie, j’ai eu un capital qui m’a permis de commencer un élevage de chèvres et de porcs. », confie-t-elle, joyeuse.

 

Son témoignage fait écho à celui d’une autre dame, Victoria Nduwimana, une mère de quatre enfants comme Monique qui se dit actuellement financièrement autonome depuis qu’elle a rejoint l’association de Monique et s’attelle à faire quelque chose de son talent de vannière.

L’administration provinciale se réjouit

Le conseiller socioculturel du gouverneur de la province de Mwaro, Monsieur Claver Ngurube, affirme que le travail accompli par Madame Monique Ntahongendera constitue une fierté pour la province et pour tout le pays en général.

Il encourage également les jeunes à apprendre ce genre de métier afin de pérenniser cette activité qui valorise la culture burundaise. Ce responsable administratif note toutefois que « la production reste encore faible, puisque la vannerie est actuellement pratiquée par peu de personnes » . Il précise même que les objets fabriqués sont appréciés sur le marché international. Il encourage aussi les hommes à dépasser les stéréotypes et à s’exercer à la vannerie.

 

 

Monique Ntahongendera a un rêve

Quant à Monique, cette icône de vannerie dans la commune Bisoro, son rêve est d’avoir un local bien aménagé pour exercer son métier librement car pendant la saison sèche, elle et ses membres travaillent sous un soleil accablant, alors que pendant la saison de pluie elles se voient, tout le temps, perturbées par l’eau.

Monique Ntahongendera sollicite également un soutien notamment en ce qui concerne le matériel utilisé, comme les fils et fibres et d’autres fournitures nécessaires peu accessibles.

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