A la UneEnvironementFrenchhomepagesécurité

Quand l’argile coûte l’enfance et l’environnement

Autour de la ville de Makamba, la fabrication artisanale de briques prend une tournure inquiétante. Enfants contraints de quitter l’école, sites d’extraction non réglementés, berges de rivières détruites… Derrière cette activité économique se cache une réalité alarmante, à la fois sociale et environnementale, que les autorités peinent à encadrer.

La fabrication artisanale de briques en terre cuite, longtemps perçue comme une activité économique locale bénéfique, suscite aujourd’hui de vives inquiétudes dans plusieurs localités du Burundi. À Makamba, notamment autour des rivières Muyogo et Nyankoni, cette activité devient problématique, à la fois sur le plan social, en raison du travail des enfants, et sur le plan environnemental, à cause de la dégradation des écosystèmes.

Dans les zones d’extraction de terre autour de Makamba, on observe la présence d’enfants en bas âge, souvent encore scolarisés, contraints de travailler dans des sites informels.
Couverts de boue, maniant des pelles sous un soleil accablant, ces enfants fabriquent des briques dans des conditions extrêmement difficiles, mettant en danger leur santé, leur sécurité, et compromettant leur avenir scolaire.

Souvent recrutés sans aucun encadrement légal, ces enfants ne savent même pas si les sites où ils travaillent sont reconnus ou autorisés par les autorités. Ce flou juridique alimente une exploitation silencieuse, mais bien réelle.

Selon les responsables de l’Office burundais des mines (OBM) en province de Burunga, toute activité d’extraction, y compris la fabrication de briques, doit être encadrée par un permis officiel délivré par les services compétents.
Cependant, sur le terrain, ces règles sont rarement respectées. Les sites informels prolifèrent sans contrôle, facilitant les abus et l’exploitation.

Au-delà de l’aspect social, l’impact environnemental est tout aussi préoccupant. Les berges des rivières Muyogo et Nyankoni sont gravement érodées par des méthodes d’extraction anarchiques. Ces pratiques menacent les habitations avoisinantes, accentuent les risques d’inondations et fragilisent les sols.

Malgré la prise de conscience au sein de l’OBM, les interventions sont limitées par un cruel manque de moyens : absence de véhicules, effectifs réduits — l’antenne provinciale de Burunga ne compte que quatre employés — et ressources financières insuffisantes.

Face à cette triple menace — exploitation des enfants, destruction de l’environnement et impunité —, les conséquences risquent d’être durables si aucune mesure concrète n’est prise.
Il est urgent que l’État, les organisations locales et les partenaires de développement s’unissent pour protéger les enfants, réguler efficacement l’exploitation des ressources naturelles, et promouvoir des alternatives économiques durables pour les communautés concernées.

 

What's your reaction?

Related Posts

WP Radio
WP Radio
OFFLINE LIVE