Des femmes victimes de ruptures conjugales pointent du doigt les maris comme principaux responsables de la désintégration des couples, un phénomène qui prend une ampleur croissante dans un contexte marqué par la pauvreté. Si certains s’accusent mutuellement, les conséquences de cette dislocation sont lourdes : des enfants délaissés qui sombrent dans la délinquance et des tensions familiales exacerbées. En réponse à cette situation, les autorités provinciales mènent une répression contre les unions libres, tandis que le Code burundais du mariage cherche à encadrer la stabilité conjugale pour protéger l’avenir des enfants.
Des femmes parmi les victimes interrogées à Nyamurenza accusent davantage les maris d’être responsables de cet état de dislocation des couples, qui prennent une autre allure ces derniers temps. Elles parlent d’un phénomène naissant où certains s’accusent mutuellement, dans le contexte de pauvreté dont souffrent les ménages.
“Les maris de certaines femmes ont des concubines et abandonnent leurs femmes. Ces femmes vivent alors dans de mauvaises conditions”, explique O.P.
Ainsi, s’indignent nos sources, le phénomène pèse lourdement sur l’avenir des enfants qui, par la suite, se lancent dans la délinquance.
“Les enfants abandonnent alors le banc de l’école et errent dans les rues”, déplore R.T.
De leur côté, les maris se montrent moins tolérants envers des femmes qui prennent un verre de trop, jusqu’à l’oubli des devoirs conjugaux, synonyme, selon eux, de jeter de l’huile sur le feu.
“Cela dépend de votre relation. Parfois, l’ivresse peut en être la cause, mais l’origine peut aussi être autre. Un mari peut consommer des boissons alcoolisées, ou vice versa, la femme. Une femme peut se considérer comme la cheffe du ménage. Ou encore, le mari peut ne pas faciliter la vie de sa femme. Il faut se respecter lorsqu’on veut vivre ensemble”, propose N.L.
Des couples soucieux du rétablissement des relations conjugales dans cette partie nord appellent à la sensibilisation des communautés pour mettre fin à cette situation de conflit.
Entre-temps, l’administration provinciale mène une répression contre les couples en union libre, une campagne toujours en cours. La province a recensé au moins 237 concubines séparées de leurs maris avec qui elles entretenaient des relations. Le contrat de mariage au Burundi ne connaît aucune forme de contrainte envers les parties. Le Code des personnes et de la famille de 1993 stipule en son article 87 qu’un homme et une femme se marient sans contraintes. Il prévoit également l’interdiction du concubinage et fixe la possibilité de divorce après décision des juridictions ou des conseils de famille, conformément aux dispositions des articles 160 et 161, tout cela dans l’intérêt supérieur des enfants.