Alors que le Burundi subventionne les intrants agricoles depuis plus d’une décennie, la pénurie de fertilisants et de semences persiste, suscitant l’inquiétude de plusieurs parlementaires. À la veille de la saison culturale A, des voix s’élèvent à l’Assemblée nationale pour demander des garanties au ministère de l’Agriculture sur la disponibilité effective de ces intrants essentiels. Le ministre Prosper Dodiko se veut rassurant, tout en soulignant les défis budgétaires à relever.
Selon le ministre en charge de l’Agriculture, une dizaine d’années se sont écoulées depuis que le pays a décidé de subventionner les intrants agricoles. « En 2013, nous avons commencé à subventionner les fertilisants, qui ont été rendus disponibles à un prix abordable », a-t-il rappelé.
Face à cette déclaration, certains députés, dont Abel Gashatsi, s’interrogent sur les pénuries récurrentes d’intrants agricoles. « Comment avez-vous planifié les semis pour la saison culturale C ? N’y aura-t-il pas, une fois de plus, des plaintes des agriculteurs concernant la carence en fertilisants ? Pouvez-vous nous rassurer que ces pénuries récurrentes ne se reproduiront pas lors de la prochaine saison culturale A ? Que faites-vous actuellement pour y remédier ? Quelles mesures sont prévues pour qu’on ne revive plus ces lamentations ? », a-t-il demandé.
La députée Aline Inamuco a abondé dans le même sens, ajoutant que les pénuries ne concernent pas seulement les fertilisants, mais aussi les semences. Elle a exprimé l’inquiétude des producteurs agricoles :« Il y a eu des pénuries de fertilisants et de semences. Avez-vous trouvé une solution à ce problème ? On paie parfois de manière anticipée pour des fertilisants d’une saison donnée, et la saison suivante débute sans que ceux de la précédente n’aient été livrés. Ce défi a-t-il été levé ? Peut-on espérer que les agriculteurs pourront enfin travailler paisiblement, sans subir de pertes ? »
Répondant à ces préoccupations, le ministre de l’Agriculture, Prosper Dodiko, a précisé que pour chaque saison culturale, environ 140 000 tonnes de fertilisants sont nécessaires, et que mobiliser l’ensemble des fonds pour cet achat reste un défi.« En 2013, nous étions à 13 000 tonnes. Aujourd’hui, nous utilisons 140 000 tonnes. Cela coûte au minimum environ 150 millions de dollars. Réunir la quasi-totalité de cette somme nécessite une action collective », a-t-il expliqué.
Il a cependant rassuré que le gouvernement continue à faire des efforts pour rendre les intrants disponibles : « C’est pourquoi vous constatez que le gouvernement fournit des efforts dans les secteurs du minerai, du café — qui rapportent des devises — ainsi que dans d’autres domaines. Mais il revient à chacun de veiller sur les secteurs qui peuvent générer ces devises », a-t-il ajouté.
Concernant les semences, le ministre a indiqué que 1 930 tonnes sont prévues pour la saison culturale A. Les contrats d’approvisionnement ont déjà été signés, et les livraisons sont attendues dans les prochains jours. Il a également annoncé que le ministère publiera une liste officielle des multiplicateurs de semences de maïs, pour assurer plus de transparence et d’efficacité dans la chaîne de distribution.