Après l’annonce du Chef de l’État selon laquelle les recettes potentielles issues de la vente de minéraux pourraient atteindre 6 millions de dollars, la PARCEM se dit satisfaite de voir émerger « une culture de transparence » longtemps attendue. Mais pour l’organisation de gouvernance économique, ce chiffre soulève plusieurs interrogations qui nécessitent une clarification rapide afin de renforcer la crédibilité de la gestion publique.
Selon la PARCEM, les 6 millions de dollars annoncés — soit environ 18 milliards de francs burundais — représentent un avancement notable dans la communication publique. Toutefois, rapporté aux besoins trimestriels d’importation estimés à 800 milliards de FBu, ce montant demeure très en deçà des attentes. « Il y a un long chemin à parcourir pour que les exportations couvrent de manière satisfaisante les importations », rappelle le directeur national.
L’organisation pointe également du doigt la discordance entre les données douanières burundaises et celles des pays importateurs, notamment la Chine. Alors que les quantités déclarées à l’exportation au Burundi restent faibles, les statistiques chinoises font état de volumes bien plus élevés. Pour la PARCEM, cette différence révèle des fuites dans la chaîne d’exportation et impose des mesures correctives urgentes.
La question de l’identité de l’entité chargée des exportations demeure elle aussi floue. La PARCEM demande au gouvernement de clarifier s’il s’agit de l’État, de la Banque de la République du Burundi, de l’Office Burundais des Mines ou d’une entreprise privée éventuellement bénéficiaire d’un monopole. Elle souhaite aussi savoir si un appel à concurrence a été lancé pour sélectionner l’acheteur des minéraux, estimant que « tout le circuit doit être transparent ».
L’organisation s’interroge également sur le rôle de l’OBM, organe technique de régulation des ressources minières. Elle observe que certains services administratifs chargés de la régulation semblent mis à l’écart, au lieu d’être pleinement impliqués dans le processus.
La PARCEM demande par ailleurs à la BRB de publier des informations consolidées sur les devises générées par l’achat d’or sur le marché intérieur, par l’exportation du café et par celle des minéraux. De telles données permettraient, selon elle, d’évaluer la valeur réelle des opérations en cours et d’améliorer la gestion des recettes en devises.
Pour renforcer la transparence et lutter contre les fuites, la PARCEM recommande la publication d’une réglementation claire sur la gestion des devises, l’établissement d’une liste d’importations stratégiques à financer de manière prioritaire, ainsi que la reprise par la BRB des séances d’enchères destinées à approvisionner les banques commerciales. Elle suggère aussi de recourir à une société spécialisée dans la vérification des importations avant paiement, afin de prévenir les surfacturations et les spéculations.
L’organisation encourage en outre le gouvernement à adhérer à l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), un mécanisme international qui vérifie et publie les données déclarées par les entreprises minières. Pour la PARCEM, tout gouvernement engagé dans la transparence devrait rejoindre cette initiative reconnue.
Enfin, la PARCEM insiste sur la nécessité que la transparence se traduise concrètement dans la vie quotidienne des Burundais. Elle estime que si les exportations minérales génèrent réellement une valeur ajoutée, alors d’ici 2026, les longues files dans les stations-service, les pénuries récurrentes de carburant et les déplacements à pied faute de transport devraient disparaître. Selon l’organisation, c’est dans l’amélioration visible du quotidien que résidera le véritable dividende de la transparence annoncée.

























