Alors que l’endettement des entreprises publiques atteint des niveaux préoccupants, l’organisation Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Évolution des Mentalités, PARCEM en sigle interpelle l’État sur l’urgence de réformes profondes pour restaurer la performance et la transparence dans ce secteur stratégique.
Lors d’une intervention le 28 mai 2025, Faustin Ndikumana, directeur exécutif de l’organisation PARCEM, a dressé un constat sévère sur l’état des entreprises publiques au Burundi. À l’occasion de la présentation officielle de la liste de ces entités et de l’état de leurs finances, il a mis en lumière ce qu’il considère comme les causes profondes de leur naufrage : une gestion inefficace, une gouvernance opaque et une absence de redevabilité.
Pour le responsable de la PARCEM, ces entreprises sont aujourd’hui davantage perçues comme des poids morts que comme des leviers de développement. Leur situation financière, marquée par un endettement croissant, s’expliquerait en grande partie par des pratiques managériales désastreuses, où les critères de compétence sont souvent relégués au second plan lors des nominations. Des dérives dans les procédures d’achat, couplées à un manque de contrôle rigoureux sur l’utilisation des fonds publics, achèvent de compromettre leur viabilité.
Pour cette organisation locale, cette mauvaise gestion ne reste pas sans conséquence pour le pays. Lorsqu’une entreprise publique accumule des pertes, ce sont les finances de l’État qui viennent à la rescousse, détournant des ressources qui auraient pu servir à financer l’éducation, la santé ou les infrastructures. Dans le même temps, la confiance des banques s’érode, les taux d’intérêt augmentent, et le crédit devient plus difficile pour l’ensemble des acteurs économiques, freinant ainsi la dynamique d’investissement.
Pour une gestion transparente
Faustin Ndikumana plaide pour un changement. Il appelle le gouvernement à sortir du silence et à assumer pleinement sa responsabilité. La gestion de ces entreprises ne peut plus se faire dans l’opacité, ni être laissée à des mains inexpérimentées. Il insiste sur la nécessité d’un contrôle rigoureux, qui passerait notamment par une implication accrue de l’inspection générale de l’État et des juridictions compétentes en matière de protection des biens publics.
Au-delà de l’encadrement juridique, il est également question de réflexion stratégique. Le recours à des expertises indépendantes, capables de poser un diagnostic objectif sur l’état de chaque entreprise, apparaît comme un impératif. Dans cette dynamique de réforme, Faustin Ndikumana évoque aussi la nécessité de redéfinir les conditions de gouvernance.
Il défend une approche qui sépare clairement les fonctions politiques et techniques, garantissant ainsi une gestion plus rationnelle. La rémunération des dirigeants de ces entreprises, selon lui, devrait être alignée sur leur performance réelle, afin de créer une culture de responsabilité et de résultats.