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Utilisation des méthodes contraceptives toujours problématique à Mutambu

Des habitants de la commune Mutambu en province Bujumbura n’adhèrent pas à l’utilisation des méthodes contraceptives pour l’espacement des naissances. L’administration communale affirme que la densité de la population  est élevée. Ces habitants craignent des effets secondaires de l’utilisation de ces méthodes alors que d’autres avancent d’autres raisons. Malgré cela des habitants qui utilisent ces méthodes se réjouissent que ces méthodes contraceptives leur rendent service.

Une habitante de la colline Murambi zone Gomvyi de la commune Mutambu Pascasie Niyingarukiye affirme que le taux de natalité est fort élevé “jai cinq enfants, mais je n’ai pas vraiment de moyens pour subvenir aux besoins de mes enfants. Car dans dix ans de mariage, avec ces cinq enfants, je ne sais plus comment leur donner une bonne alimentation, ou encore trouver l’argent pour les soins de santé . J’ai trentre trois ans. Après une année et demi, je met au monde un enfant. Nous ne trouvons pas de terrain d’entente avec mon mari en ce qui est de l’espacement des naissances. Je lui ai demandé d’utiliser les méthodes contraceptives mais il a refusé m’expliquant que cela me causerait des maladies..Cela est souvent source de conflit dans mon foyer.” regrette Niyingarukiye .

Phocas Nsabimana résident de la colline Rubanda de la commune Mutambu témoigne qu’après avoir eu son deuxième enfant dont la naissance n’était pas espacé a convenu avec sa femme de procéder à l’utilisation des méthodes contraceptives. “Mon premier enfant avait une année huit mois quand le deuxième est né. Le troisième enfant est né alors que le deuxième avait six ans. Ma femme n’a aucun effet secondaire et chaque trois mois, elle se rend à une structure de soins se santé pour le suivis médical.” Nsabimana ne nie pas l’existence d’effets secondaires chez d’autres femmes. Il ajoute que certains craignent ces effets secondaires d’où ils ont peur d’utiliser ces méthodes contraceptives.

Certaines gens considèrent “qu’il faut avoir du sang froid pour oser utiliser ces méthodes. Notamment avec les croyances et leurs interdictions, ou encore la culture burundaise qui encourage plutôt les naissances. C’est problématique. Les lois étatiques risquent de nous mettre en conflit avec celles de Dieu. A l’église, les pasteurs et les prêtres nous expliquent que l’utilisation des méthodes contraceptives c’est comme ôter la vie aux enfants dans le sein de la maman. C’est une situation conflictuelle “ déplore Phocas Nsabimana.

Recours aux méthodes naturelles

L’espacement des naissances est bien accueilli par Donatile Nduwimana et son mari. Elle se réjouit des trois enfants qu’elle a dont les naissances sont espacées. ” Nous en avons convenu avec mon mari d’espacer les naissances. Nous utilisons la méthode naturelle.  Nous pouvons ainsi subvenir aisément aux besoins des enfants, les nourrir correctement. Mais je remarque dans la communauté que les ménages qui ont beaucoup d’enfants souffrent notamment en ce qui est de l’alimentation de leurs enfants, ou bien leur acheter des vêtements ou encore le développement de ces ménages” raconte-t-elle.

Evelyne Gakuyano explique qu’elle a essayé d’utiliser les méthodes contraceptives notamment les pilules, les implants ou contraceptifs injectables sans succès. Je souhaitais espacer de cinq ans les naissances. “Après l’échec de l’utilisation des méthodes contraceptives, je m’en suis remis aux méthodes naturelles pour espacer les naissances” martèle Gakuyano.

Des sensibilisations s’avèrent nécessaires

Selon Phocas Nsabimana des sensibilisations sont nécessaires pour que les gens s’imprègnent de l’avantage de l’espacement des naissances.

Une enseignante du Lycée communal Mutambu Evelyne Gakuyano ayant constaté des grossesses en milieu scolaire et les abandons scolaires a alors initié à cet école un Club Santé pour expliquer aux élèves ce qu’est la santé sexuelle et reproductive. “Nous avions remarqué des cas d’abandons scolaires, des mariages précoces suite aux grossesses en milieu scolaire. Cette situation me désolait. Nous avons alors décidé de changer cela avec comme objectif zéro grossesse en milieu scolaire. Dans le club, les sensibilisations sont faites chez les garçons et les filles” précise cette enseignante. Actuellement, nous voyons les fruits de notre labeur, les naissances en milieu scolaire diminuent. D’autres établissements nous ont emboité le pas.

Le chef de zone Gomvyi, de la commune Mutambu en province Bujumbura, confirme cet état de fait. Il souligne que le non espacement des naissances a de multiples causes notamment les enseignements de certaines églises, les conflits entre les époux, ou certains hommes ou femmes qui refusent carrément les méthodes contraceptives. C’est un défi. Le non espacement des naissances a des conséquences. Certains ménages ne peuvent pas subvenir à leur besoin. Alors, les parents viennent se plaindre aux autorités administratives qu’ils manquent de quoi manger et que c’est à l’administration d’y trouver une solution. Un taux de natalité élevé engendre des effectifs pléthoriques dans les écoles. Les enseignants ne peuvent pas faire le suivis de tout ces enfants, et le taux de réussite diminue. Mais aussi le fait qu’il y ait beaucoup d’enfants dans les ménages est source de conflits fonciers. En grandissant, tous ces enfants veulent chacun une part des lopins de terres de leurs parents.

Avec tout cela, certains maris abandonnent leur foyer et les femmes viennent alors s’adresser à nous. Je pense que la seule solution reste les sensibilisations. “Il faut que les leaders religieux soient tout d’abord sensibiliser sur les bienfaits de l’espacement des naissances, ainsi il y aura la paix dans les ménages et le pays s’en portera mieux” indique Ndikuriyo.

Selon un agent de l’ordre local, à côté de cela, les plus jeunes aussi devraient bénéficier d’enseignement sur la santé sexuelle et reproductive mais aussi être sensibiliser sur l’importance de donner naissance à un âge voulu car certains jeunes dès seize ans veulent avoir des enfants. ” Il faut augmenter les efforts, pour que les jeunes et les conjoints soient tous sensibilisés” avance Jérémie Hatungimana un policier.

La commune Mutambu a une superficie de 102,4 kilomètres carré et compte soixante dix mille trois cent habitants (70.300 hab). La commune enregistre deux décès par mois selon Elie Nshimirimana secrétaire communal. Les naissances se chiffrent à une centaine d’enfants par mois.

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