La couverture nationale des compagnies de télécommunications constitue une grande préoccupation pour le gouvernement du Burundi. Les compagnies de télécommunications évoquent des défis majeurs qui les empêchent de respecter leurs cahiers des charges, notamment le manque de carburant et de devises pour réinvestir. Le ministère de l’Intérieur leur a donné un délai de trois jours pour présenter leur plan afin de stabiliser et d’étendre le réseau.
Selon le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Martin Niteretse, l’étude menée par l’Agence de Régulation et de Contrôle des Télécommunications (ARCT) a montré que les compagnies de télécommunications ne couvrent pas actuellement tout le territoire national. “Si nous analysons la situation sur le terrain, ces compagnies de télécommunications peuvent nous tromper et nous fournir un plan qui ne nous permettra pas d’avancer. Cependant, elles vont nous remettre ce plan, et nous l’analyserons minutieusement”, a-t-il déclaré.
Niteretse insiste sur les engagements de ces compagnies, qui ne peuvent pas actuellement servir efficacement les Burundais en termes de connexion internet et de lignes de téléphonie mobile adéquates. “En effet, dans toutes les régions du pays, les collines et quartiers du Burundi doivent être en mesure de partager des informations via téléphone, que ce soit par des appels ou par les réseaux sociaux. Cela prouvera que ces opérateurs, qui sont nos partenaires, œuvrent réellement. D’ailleurs, cela reste possible, surtout qu’ils ne travaillent pas gratuitement ; ils sont payés”, a insisté le ministre Martin Niteretse.
Les gouverneurs vont plus loin
Abondant dans le même sens que le ministre de l’Intérieur, le gouverneur de la province de Kayanza, Rémy Cishahayo, a déploré qu’aucune de ces compagnies de télécommunications opérant dans cette province ne puisse garantir la réseau en dehors des villes. “Comment se fait-il qu’on puisse passer un appel quand on est au le chef-lieu de la province, et qu’une fois quelques pas faits hors de la ville, le réseau soit perdu ?”
Le gouverneur de la province de Cankuzo, Boniface Banyiyezako, a pour sa part parlé de la non-disponibilité de la connexion dans les communes frontalières avec la Tanzanie, telles que Kigamba, Mishiha, Cendajuru et Gisagara, ce qui a des incidences sur la transmission des rapports à temps, mais aussi sur la lutte contre la fraude, qui devient problématique. “Franchement, cette question des compagnies qui ne peuvent pas couvrir certaines localités n’est qu’une question de sécurité. Vous savez très bien que c’est à la frontière qu’il y a le plus de cas de fraude. Comment obtenir des renseignements si on ne peut pas appeler ou envoyer un message ?”, s’est dit préoccupé M. Banyiyezako.
Le gouverneur de la province de Bujumbura, Désiré Nsenguyimva, propose une répartition de ces compagnies selon les zones et les régions afin de servir efficacement la population. “Si, peut-être, aujourd’hui ces compagnies ne sont pas en mesure de couvrir tout le territoire national, il faudrait envisager une autre organisation.”
Les compagnies de télécommunications évoquent des défis majeurs
Le directeur de la compagnie de télécommunications Econet Wireless, Nepias Njaravaza, prenant la parole en premier, a mis l’accent sur les grands défis auxquels cette compagnie est actuellement confrontée : “Monsieur le ministre, nous avons un réel défi lié au manque de carburant pour alimenter nos groupes électrogènes afin de faire fonctionner les différents sites. Sur plus de 500 000 litres dont nous avons besoin chaque semaine, on ne nous en fournit même pas 2 000 litres. De plus, ici nous utilisons la monnaie locale, mais pour réinvestir, il nous faut des devises, des devises qui ne sont pas disponibles.”
Le directeur général d’Econet Wireless insiste sur une compétition quasi impossible dans un contexte où les autres compagnies concurrentes bénéficient d’exonérations sur de longues périodes.
Le directeur général de l’Onatel, Sixte Niyuhire, a avancé la question de la santé financière de cette compagnie publique, soulignant que sur les 150 sites, seuls 60 sont alimentés en électricité, avant d’ajouter que même le devis, qui devrait être fait par la Regideso pour que l’Onatel puisse payer les compteurs, n’a pas encore été élaboré.
Le manque de carburant est également évoqué par la compagnie Vietel, qui parle d’un véritable défi pour le fonctionnement des sites installés à travers le pays.
Malgré tout, le gouvernement insiste
Malgré tous ces défis soulevés, le ministre de l’Intérieur, Martin Niteretse, ne passe pas par quatre chemins. Il précise que même avant ce problème de carburant, ces compagnies n’assuraient pas une couverture nationale adéquate. Quant au défi des devises, Martin Niteretse précise : “Dans les contrats qui vous lient avec le gouvernement, nulle part il n’est mentionné que c’est le gouvernement qui doit vous octroyer ces devises.”
Le ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique et du Développement communautaire rappelle à ces compagnies : “Nous ne voudrions donc pas en arriver à prendre des mesures allant jusqu’à la suspension des activités de ces compagnies. Il est impératif qu’elles nous montrent leur détermination en nous présentant leur plan, d’autant plus que cela concerne une question de sécurité nationale. Si les gens ne peuvent pas échanger d’informations, cela affecte la sécurité, et certaines activités ne peuvent même pas être réalisées.”
Certains gouverneurs ont argué ne pas avoir été informés de ce défi du manque de carburant au niveau des provinces. Ils ont promis que, une fois saisis, ils pourront trouver une solution ensemble.
Une solution en préparation
Pour résoudre la situation, les responsables des sociétés de télécommunications se sont engagés à transmettre, jusqu’au vendredi de cette semaine, un plan d’extension des zones et de réhabilitation des sites non fonctionnels au ministère ayant la communication dans ses attributions, afin de stabiliser les réseaux dans tout le pays.
L’ARCT souligne, de son côté, que pour le moment, elle est en mesure de vérifier en temps réel les endroits qui n’ont pas de connexion internet ou de ligne téléphonique mobile. Le directeur général de l’ARCT, Samuel Muhizi, menace même d’intimer l’ordre à ces compagnies de télécommunications de rembourser l’argent à leurs clients si certaines localités ne sont pas servies par ces compagnies.